The process of multiple scenographies in the construction of the political ethos of Barak Hussein ObamaLe procédé des scénographies multiples dans la construction de l’ethos politique de Barak Hussein Obama
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Le procédé des scénographies multiples dans la construction de l’ethos politique de Barak Hussein Obama
The process of multiple scenographies in the construction of the political ethos of Barak Hussein Obama
p p 54-74
Date de réception : 2020-02-11 Date d’acceptation : 2020-06-08

Souad Baba Saci
  • resume:Ar
  • resume
  • Abstract
  • Auteurs
  • TEXTE INTEGRAL
  • Bibliographie

نستهدف من خلال دراسة الصورة الذاتية لباراك حسين أوباما، دراسة منظومة الصور المشهدية التييستخدمها الرئيس (وفريقه المسؤول عن التواصل في البيت الأبيض)،من أجل تطوير صورة ذاتية متعددة وفريدة في الوقت ذاته. ويهدف تحليل مختلف سلوكيات الرئيس في الفضاءات الخطابية الغنية والمتنوعة، إلى تسليط الضوء على الصور المختلفة التي يتجلى بها، لكي نبرز كيف يمكن لهذه العملية أن تكون جوهرية في الخطاب السياسي للرئيس الرابع والأربعين للولايات المتحدةالأمريكية.          

الكلمات المفاتيح

 خطاب سياسي، باراك حسين أوباما، إيثوس،سينوغرافيا، سينوغرافيا متعددة

Nous proposons à travers l’étude de l’image de soi de Barak Hussein Obama, de cerner le procédé des scénographies multiples auquel recourt le président (et son équipe chargée de la communication dans la Maison Blanche) afin d’élaborer une image de soi à la fois multiple et unique. L’analyse visera à examiner les différents ethè du président dans des espaces discursifs aussi riches que variés, à relever les différentes images et surtout à montrer comment ce procédé pourrait être consubstantiel au discours politique du quarante quatrième président des État Unis.

Mots clés :Discours politique, Barak H. Obama, Ethos, Scénographie, scénographies multiples

Through the study of Barak Hussein Obama's self-image, we propose to identify the multiple scenography process used by the president (and his communication team at the White House) which is used in order to develop a self-image both multiple and unique. This analysis aims at examining the different ethè of the president in discursive spaces which are as rich as they are varied, in order to highlight the different images and mostly to show how this process could be consubstantial with the political discourse held by the forty-fourth president of the United States.

Keywords :Political speech, Barak Hussein Obama, Ethos, Scenography, multiple scenographies

Quelques mots à propos de :  Souad Baba Saci

 Université Sétif2souadbabasaci@gmail.com

Introduction

L’image de soi d’un homme politique est ce qui lui garantit la popularité nécessaire au bon déroulement de sa vie politique. La réussite de la mise au point de cette image est, également, garante de ses actes de langage où la force illocutoire est mobilisée en vue de produire l’effet perlocutoire escompté. En ce sens, Barak H. Obama est connu pour être le président (pour deux mandats de 2009à 2016) nobélisé le plus populaire, le plus « swag »1à en juger les sondages et les demandes des internautes sur Twitter de reconquérir la Maison Blanche. Cette popularité et la position qu’occupe cet ancien président dans le champ politique sont le fruit d’un style de comportement nouveau, un style qui rompt avec l’Habitus politique commun. Ce style repose sur un travail laborieux sur l’image que reflète le comportement de ce président dit « exceptionnel » dont le principe de base est la transgression des codes existants notamment en matière d’image de soi. En effet, l’image du président est celle de l’ethos politique que Charaudeau décrit comme le « résultat d’une alchimie faite de traits de caractère personnels, de corporalité, de comportements, de déclarations verbales, cela en rapport avec les attentes floues des citoyens via des imaginaires qui attribuent des valeurs positives ou négatives à ces manières d’être » (Charaudeau, 2005: 105).

L’analyse du discours tente d’appréhender cette complexité en la divisant préalablement en deux entités : l’ethos préalable et l’ethos discursif (Amossy, 2010 : 72). Ces deux ethè se nourrissent mutuellement et restent interdépendant l’un de l’autre. Cependant, dans l’espace du champ politique, l’image de soi donne lieu à une construction particulière de l’ethos qui se présente sous l’appellation d’ethos de crédibilité et d’ethos d’identification. À ce propos, le président Obama tire pleinement profit de ces entités en recourant à un procédé qui permet de concilier dans le même espace discursif l’ethos préalable et l’ethos discursif confortés par un comportement souvent exemplaire. Ce procédé qui rassemble mise en scène théâtrale et mise en scène discursive est appelé scénographie.

La scénographie est un concept emprunté au monde de la scène (théâtre et cinéma) qui s’est vu développé surtout dans le discours littéraire (Maingueneau, 2004). Il est l’atout majeur du 44eprésident des États-Unis d’Amérique qui n’hésite pas à se mettre en scène, à travers différents genres de discours, pour élaborer et conforter son image de président qui veut se démarquer des autres.

Au début de sa carrière politique, Obama avait écrit une autobiographie Les rêves de mon père ([1995] 2008) et avait posté via son compte Twitter2des dizaines de vidéos dans lesquelles il choisit différentes scénographies pour aborder des questions telle la promotion de L’Obamacare3auquel s’ajoute la page officielle des photographes de la Maison Blanche4, ou alors le sketch diffusée lors du diner des correspondants de 2016(voir infra note N°XX) qui lui permet d’évoquer, avec beaucoup d’humour, son éventuel « chômage » après son second mandat. Cette autobiographie, les vidéos et les sketchs ayant servi de corpus sont le point de départ d’une réflexion qui nous permet de nous interroger sur le rôle et le fonctionnement des scénographies électives multiples, du discours politique du président, dans l’instauration de l’image de soi garantissant sa popularité et par la même occasion la réussite de sa politique.

Ainsi proposons-nous d’explorer l’ethos avec ses différentes composantes, en vue de montrer le processus par lequel le président échafaude les différentes scénographies, tel un puzzle, afin de suggérer, grâce à un subtil implicite, son image par laquelle il veut frôler la perfection et même si la réception de cette image est mitigée, il reste que ce qui importe pour ce travail c’est l’exploration de ce procédé. C’est en somme la réflexion que le présent travail propose de développer

1- L’ethos politique du 44e Président des USA

L’élection en janvier 2009du jeune Barak H. Obama à la tête de l’état le plus fort au monde, ne s’inscrit pas seulement comme une victoire personnelle, ni celle d’un parti politique ; il s’agit d’un tournant dans l’Histoire de ce pays. C’est la première fois qu’un afro-américain accède à ce poste et à ce statut. Cela ramène aux esprits la victoire de J.F. Kennedy  en 1960et ce vent de changement qui arrivait sur ce pays notamment sur la question économique et raciale. Cependant, si John Kennedy atteint de son vivant tout autant qu’avec sa mort le statut d’effigie, Obama se devait de surpasser tous ceux qui l’ont précédé y  compris son idole: J.F.K5.

Ainsi, l’élaboration d’une image de soi sous cette condition et dans un pays comme celui des États Unis d’Amérique s’avère une tâche complexe qui nécessite un travail coordonné entre le président, sa famille, les medias et surtout son équipe de communication. Il s’agit d’un travail de professionnels en vue de créer une identité pour le président, qui tend vers la perfection, et surtout de veiller à ce que celle-ci soit pérenne dans la mémoire collective des américains et bien au-delà. À cette fin, l’identité de ce dernier devrait être celle de l’homme politique qui « inspire confiance, admiration, c’est-à-dire sache coller6à l’image du chef qui se trouve dans l’imaginaire collectif des sentiments et des émotions » (Charaudeau, [2005] 2007 : 62). Il est également question pour le président, qui tient à ce que son parcours soit exemplaire, d’éviter que sa réputation soit entachée par des scandales comme certains de ses prédécesseurs. En ce sens, dans un système démocratique et dans une société aussi hétérogène que la société américaine, mais aussi conservatrice7sur un certain nombre de valeurs, l’homme politique qu’est le président ou « le chef » doit savoir jouer avec la norme et la transgression ; Obama a su équilibrer entre les deux en vue de créer cette identité, comme nous allons le voir.

À bien examiner cette dernière, l’on se rend compte qu’elle se dédouble pour être soutenue par les deux ethè fondateurs. La première est une identité discursive qui repose sur l’ethos discursif, la seconde est sociale et repose sur l’ethos préalable. Concernant le président Obama, toutes les images de père et mari exemplaire, de président performant ayant des valeurs louables, d’expert dans son domaine…développées vont être organisées pour nourrir les principaux ethè que sont l’ethos de crédibilité (Charaudeau, 2005 : 104) et l’ethos d’identification (Charaudeau, op.cit. : 105). Dans le champ politique, cette double identité ne peut se construire qu’à travers cette théâtralisation qui permet au président de se mettre en scène en fonction de l’image qu’il veut transmettre. La mise en scène de soi dans le champ politique permet à l’homme politique de développer une multitude d’images de soi ; des images complémentaires et convergentes vers un seul objectif : celui de mettre en avant la face positive8du président en toutes circonstances. Au vu de cette identité multiple, le procédé ingénieux des scénographies multiples s’avère incontournable dans l’élaboration des différents ethè. Cependant, cerner le mécanisme des scénographies multiples ne peut se faire sans la découverte des différentes images de soi selon les deux orientations principales proposées par Charaudeau (2005) que sont l’ethos de crédibilité et l’ethos d’identification et qui entrent dans la composition de l’ethos politique du président Obama.

2-L’ethos discursif : Des discours et des images de soi

L’ethos discursif est l’« […] image que le locuteur construit, délibérément ou non, dans son discours9, qui constitue la force illocutoire » (Amossy, [2000] 2010: 69). Dans le discours politique, l’identité discursive (tout autant que l’identité sociale) du président Obama s’est construite d’abord à travers les discours officiels prononcés soit devant l’Assemblée Nationale lors de certaines occasions nationales ou alors internationales. Durant les deux mandats du président, il a produit un nombre pléthorique de discours, mais certains d’entre eux ont marqué l’Histoire. Le Nouvel Observateur en a retenu cinq. Chacun de ces discours va montrer un ethos différent. Ces cinq discours que nous analysons ci-dessous sont :

2-1 Le discours de Philadelphie (8 mars 2008):discours sur une Amérique post raciale qui serait capable d’aller de l’avant tout en s’inspirant des paroles sages des fondateurs de la nation. La position qu’adopte Obama dans ce discours concernant la question raciale est assez innovante10par rapport à ce que les autres activistes pour la cause raciale venus soi de l’Église chrétienne ou alors du champ politique. Son discours tend vers une paix sociale en indiquant qu’il existe des inégalités raciales notamment vis-à-vis de la communauté afro-américaine, sans pour autant aller dans le sens d’un discours vindicatif et dénonciateur de haine raciale contre cette communauté comme l’a fait le pasteur Jeremiah Wright et que Obama contredit :

Et en ce sens, les déclarations du révérend Wright ne sont pas seulement erronées, elles sont porteuses de division, et ce à un moment où nous avons besoin d'unité; elles sont racialement marquées, alors que nous devons au contraire nous rassembler pour résoudre une série de problèmes énormes : deux guerres, la menace terroriste, une économie en déclin, une crise chronique du système de santé et un changement climatique potentiellement dévastateur; des problèmes qui ne sont ni blancs, ni noirs, ni latinos ni asiatiques, mais auxquels chacun d'entre nous est confronté. (Obama, 2008)

 Le discours est plutôt diplomate et laisse entrevoir la figure du conciliateur (Charaudeau, 2005 : 111) porteur de la parole de sa race sans pour autant tomber dans l’extrémisme. C’est une image qu’il va travailler davantage à travers d’autres positions et d’autres discours.   

2-2 Le discours du Caire (4 Juin 2009):Prononcé à la Bibliothèque d’Alexandrie et qu’il a intitulé Nouveau départ, Obama voulait se démarquer de l’ère Bush qui, avec la question de l’Irak, celle de l’Afghanistan et celle de l’ouverture de Guantanamo, avait donné l’image d’une Amérique hostile envers le Monde musulman. C’est le discours de la réconciliation avec le Monde musulman où il reconnaît en tant que « féru de l’Histoire, je sais ce que la civilisation doit à l’Islam » (Obama, 2009). Il n’hésite pas à citer le Coran. Il va aller plus loin en mettant la pression sur l’État Israélien pour le droit d’existence à l’État Palestinien et le gel de la colonisation « tout comme le droit d’existence à Israël ne peut être nié, il en est de même pour la Palestine. Les Étas Unis n’acceptent pas la légitimité de la poursuite de la colonisation « Cela va créer un malaise et jeter un froid dans les relations Israélo-Américaines ». À travers ce discours, le président encre cette figure du conciliateur mais, cette fois-ci sur le plan international.  

2-3 Le discours de Selma (7 mars 2015) :Marchant la main dans la main avec les membres de la communauté afro-américaine, Obama célèbre par la suite, à travers ce discours, les 50ans après le Bloody Sunday en 1965où 600manifestants afro-américains ont marché pour manifester pacifiquement pour le droit de vote, 70personnes seront blessées, lors de ces manifestations. La commémoration de cet événement, montre la solidarité avec sa communauté tout en restant dans « L’idée d’une Amérique juste, d’une Amérique équitable, d’une Amérique inclusive et d’une Amérique généreuse, cette idée d’Amérique a finalement triomphé. 50ans après le Bloody Sunday, notre marche n’est pas encore terminée. Mais nous nous rapprochons ! » (Obama, 2015). Il s’agit cette fois-ci de la figure de solidarité (Charaudeau, 2005 : 125) avec tout ce que ce mot peut inférer comme attitude compatissante du président lors de cette occasion, notamment sur le plan corporel et l’accessibilité à sa communauté.   

2-4 Le discours de Charleston (26 juin 2015):Est également un discours phare en raison de la question névralgique des armes et qui est presque  tabou venant du président des États Unis d’Amérique. Prononcé lors des funérailles du pasteur sénateur Clementa Pinkney et huitde ses fidèles tombés sous les coups d’un suprématiste blanc, ce discours évoque les inoubliables injustices ainsi que le chaos provoqué par les armes à feu. Il se distingue par la péroraison à travers laquelle le Président profondément ému entre en communion avec la foule pour chanter Amazing grace, il montre à cette occasion une grande sensibilité montrant son ethos d’humanité (Charaudeau, 2005 : 114) qui contraste parfaitement avec l’ethos de caractère (Charaudeau, 2005 : 107); c’est  un président qui a suffisamment de peine, de pouvoir et d’audace qui lui permettent  d’aborder l’une des questions les plus épineuses de la société, celle des armes à feu.

2-5 Le discours de Philadelphie (27 juillet 2016) :Prononcé le soir de la convention d’investiture démocrate, ce discours est en apparences celui des adieux, mais en réalité il est celui où Obama annonce son soutient pour Hilary Clinton : « Je peux dire en toute confiance que jamais un homme ou une femme n’a été aussi qualifié qu’Hillary Clinton pour la présidence des États-Unis d’Amérique ». Louant ses qualités de femme politique « bien préparée » au poste convoité, Obama met en valeur cette candidate aux dépens de Trump qu’il considère à un moment de son discours comme un danger potentiel contre l’Amérique « Cette élection n’est pas une élection ordinaire. Vous n’avez pas l’affrontement classique entre les partis et les politiques, entre la gauche et la droite. Cette élection porte plus fondamentalement sur ce que nous sommes. Ce que nous avons entendu à Cleveland [lors de la convention républicaine] n’était pas vraiment républicain, et certainement pas conservateur »11. Ce discours montre une autre image du président ; celle de la compétence, car la compétence d’une personne se reconnaît par les plus compétents. L’ethos de la compétence s’est déjà montré lors des discours (27janvier 2010) sur la réforme de la régulation de l’économie américaine en s’attaquant à Wall Street et aux pratiques de risques des banques. Cette réforme le montre comme un connaisseur de l’économie ce qui conforte son ethos de compétence (Charaudeau, 2005 : 96).  Si l’on épluche ces discours, nous trouverons d’autres nombreuses images de soi développées, nous nous sommes contentée des discours phares. Il existe, cependant, d’autres types de discours que le président a produit. Ces derniers s’éloignent dans leur apparence formelle du discours politique, mais lui restent intimement liés, car ils servent, dans une forme d’argumentation implicite, l’image du président, à travers d’autres espaces discursifs tel le discours littéraire.

3- Des œuvres et des images de soi

En effet, l’autobiographie qu’Obama a écrite est arrivée au bon timing. Publiée aux États-Unis en juillet 1995à l'aube de sa carrière politique, elle a été   rééditée en août 2004après sa victoire sénatoriale américaine dans l’État de l’Illinois.Apportant de la lumière sur ses origines multiples, elle lui permit,surtout, de faire découvrir sa famille paternelle, la filiale africaine du Kenya, sur laquelle il avait peu de connaissances. La scénographie autobiographique était incertaine au début car elle ne faisait l’objet de cette œuvre. Par la suite, l’auteur construit subtilement cette scénographie en recourant au scénario du voyage en quête de vérité sur un père longtemps absent :

 « […] ce qui se trouve dans ces pages est le récit d’un voyage personnel, intérieur et, à travers cette quête, le désir de donner sens utile à sa vie de Noir américain. Le résultat est autobiographique, même si, ces trois dernières années, lorsqu’on me demandait quel était le sujet du livre, j’évitais généralement cette désignation » (Obama, [1995, 2004] 2008 : 21). 

Cette œuvre introduit le lecteur et les électeurs potentiels dans une intimité étudiée du président. En effet, les origines multiples ont suscité une polémique qui est allée jusqu’à remettre en question la nationalité américaine du président. Par cette œuvre, le président dévoile ses origines de façon très judicieuse et répond par la même occasion à ses détracteurs concernant ses origines.

Dans un autre registre littéraire, Obama écrit une Longue lettre à mes filles où il leur apprend les valeurs de l’Amérique ancienne et moderne en évoquant « générosité, liberté, grandeur d’âme, intelligence, don de soi » (Obama, [1995, 2004] 2008 quatrième de couverture). Cette œuvre recourt à la scénographie épistolaire prenant comme destinataire ses filles qui lui servent également de prétexte pour s’adresser sur un ton paternel à tous les enfants de l’Amérique, en vue de leur inculquer ces valeurs positives moyennant l’histoire des treize figures de l’histoire ayant contribué à la construction de l’Amérique : « Vous ai-je dit récemment combien je vous trouve formidables ? Combien le son de vos pas, cavalant jusqu'à moi, rythme et égaye mes journées ? Combien mon univers s'illumine par vos rires ensoleillés ? Vous ai-je dit que vous êtes créatives ..., intelligentes..., courageuses ? » (P. [3]).

Cette œuvre fait ressortir essentiellement la figure du Chef-souverain (Charaudeau, 2005 : 120) et celle du père aussi bien de Natacha et Malia que des enfants de l’Amérique dont il défend les valeurs. Une autre œuvre est parue en 2006: L’audace d’espérer. Cette dernière combine la scénographie autobiographique à celle du penseur essayiste, qui dresse le bilan en tant que sénateur démocrate et montre une foi inébranlable en une Amérique qui croit comme lui en ses valeurs constitutionnelles et humaines :

Je crois à l'évolution, à la recherche scientifique et au réchauffement de la planète ; je crois en la liberté d'expression, politiquement correcte et incorrecte, et je ne suis pas partisan d'utiliser le gouvernement pour imposer des convictions religieuses, quelles qu'elles soient- y compris les miennes -, aux non-croyants. En outre, je suis prisonnier de ma propre histoire : je ne peux m'empêcher de voir l'expérience américaine à travers le prisme d'un Noir à l'héritage métissé, gardant sans cesse à l'esprit que des générations d'hommes et de femmes qui me ressemblent ont été asservis et stigmatisés, toujours conscient des manières subtiles et moins subtiles dont l'appartenance à une race et à une classe sociale continue à modeler nos vies." (Obama, 2006 : SP)

Ainsi, se profilent de nouvelles images du président à travers d’autres types de discours que le discours politique traditionnel. Toutefois, chacune de ces œuvres joue un rôle primordial dans la carrière politique d’Obama. La première le présente au début de sa carrière politique ; elle explique la complexité de ses origines attenantes à deux mondes, celui des blancs et surtout celui des noirs d’Afrique. Par cette œuvre, il entame cette quête identitaire avec « beaucoup d’honnêteté »12, comme disaient ses lecteurs, pour dévoiler cet « héritage en noir et blanc ». Une fois cette identité assumée, il réussit à conquérir la Maison Blanche et c’est une autre orientation que prends la construction de son identité qui va vaciller entre l’homme politique avisé, le père de famille modèle, le mécène et surtout le président le plus charismatique qu’ait connu l’Amérique en ce XXIème siècle.

En ce sens, à la lisière de deux types de discours ; le littéraire autobiographique et l’essai politique, cette dernière œuvre offre une vision pleine d’espoir pour une futur Amérique, différente de celle qui a tant perdu sur le plan intérieur qu’international sous le mandat Trump. La liste des types et des genres de discours utilisés dans la construction de l’image du président se rallonge dans un autre espace, moins formel certes, mais qui réunirait des millions de followers qui entrent en communication directe avec Obama durant et après ses mandats, pour lui exprimer leur admiration et leur soutient. C’est à travers la twittosphère que nous découvrons dans le point suivant d’autres images du président.

4- Un espace où l’ancien président reste encore plus proche des ses concitoyens :la twittoshère13

Réunissant, en 2017, plus de 313 millions d’utilisateurs actifs par mois, avec 500millions de tweets envoyés par jour et disponibles en plus de 40 langues, Twitter est cet autre espace où l’on découvre d’autres images du président Obama. D’abord, pour être précis dans les rôles et les statuts qu’il joue et incarne, Obama dispose d’un compte personnel : « @BarackObama » où il se présente comme : « Dad, husband, President, citizen » c’est à dire comme père, mari, président et citoyen. Ce compte met en avant l’individu à travers ses rôles au sein de sa famille, cela permet de partager une certaine intimité avec les internautes. Cependant, cette intimité reste celle du président, c’est-à-dire, qu’elle passe par le prisme du statut présidentiel, ce qui permet de l’encadrer et de lui poser des limites aussi bien implicites qu’explicites auxquelles lui-même se soumet en ne dévoilant que ce qui valorise cette image et surtout pour les internautes, afin qu’ils ne perdent pas de vue qu’ils s’adressent avant et après tout au 44ème président des Etats Unis d’Amérique. À travers ce compte, Obama adresse des vœux, des condoléances, des encouragements … à des amis, à sa femme ou as ses filles. Il partage des moments passés avec sa famille pour des occasions de fêtes religieuses, nationales … Il est également citoyen qui s’exprime sur n’importe quelle question qui touche son pays. Les tweets en Annexe, support N°1donnentune idée sur l’activité discursive de Obama via cet espace.

L’ensemble des tweets de Obama s’organisent autour de quatre axes ; le premier est l’axe familial, le second est dédié à son rôle d’époux aimant, le troisième est celui de l’homme politique, le dernier est lié à son engagement en tant que citoyen soucieux de son pays. En endossant son rôle de père de famille(Tweets N°2.1et N°4.1), il est toujours entouré par celle-ci dans les différentes occasions pour présenter ses vœux, ou parler de leurs vacances ou d’autres actions communautaires qu’ils font ensemble. En ce sens, il ne manque pas, également, à rendre un très bel hommage à la Reine de la Saoul Aretha Franklin en Août 2018à son décès (Tweet N°10.1). Il est très proche de cette artiste qui incarne la lutte, la poésie et la musique noire. L’image qui se dresse est celle du père de famille affectueux, respecté et respectueux et surtout dont la famille est très soudée comme nous pouvons le voir ci-dessous.

Ensuite vient l’époux aimant, attentionné, romantique et qui n’hésite pas à montrer publiquement toute l’affection et toute l’admiration à sa moitié. Les tweets N° 2.1,3.1et 8. 1ne cessent de louer l’intelligence, l’engagement et témoignent d’un amour infini pour cette « femme exceptionnelle ».

Entant qu’homme politique, Obama rend hommage continuellement à ces anciens assistants comme ici dans le tweet N°12.1, Valérie Jarett avec laquelle il entretient un rapport d’amitié politique, l’image montre le président très proche et très décontracté en sa présence. Pour lui, elle est source d’inspiration. Il évoque, par la même occasion, l’autobiographie de cette femme politique Ma voie (2019) un ouvrage dédié à son parcours de femme agrémenté d’un ensemble de conseils civiques inspirés de son expérience. Dans le même sens (tweet N°13.1), il envoie un message fort positif à propos de sa rencontre avec la classe de relève du premier mandat au congrès, une classe qu’il qualifie de « jeune, diversifiée » et qui va « conduire des progrès pour la longue période à venir ». Très positif comme message montrant l’esprit mature et encourageant de cet homme politique, ce qui réitère une fois de plus l’ethos de compétence.

En tant que citoyen, Barak prend exemple sur ces jeunes engagés pour l’environnement et dénonçant la politique Trump à ce sujet, les tweets N°6.2et 7.1montrent ces jeunes activistes et qui sont fortement impliqué dans la lutte pour l’environnement. Il incite à suivre leur exemple et notamment celui de Greta Thunberg (16ans), jeune suédoise qui a initié un mouvement de grève réclamant une action pour le climat. Le tweet N°11.1est un message d’encouragement à un John Boucher qui crée un espace d’échange dans un café pour venir en aide aux gens à tendance suicidaire. C’est cette image de chef souverain (Charaudeau, 2005 : 120) que l’on perçoit, celle du président défendant les valeurs de l’Amérique dans ses écrits et concrétisant cette idéologie par des actes concrets. Cet espace reste ouvert à d’autres thématiques aux encouragements et à tout ce qui peut toucher les différentes communautés, notamment dans le cas du tweet N°6.1où Franck Tyndell rend hommage à sa fille qui proteste pour soutenir les musulmans d’Amérique.

Le citoyen agit également sur un autre front, celui de la Obamacare (supports N°2) à travers laquelle il œuvre pour l’accès à un système d’assurance décent. L’Obamacare est un autre combat du président. Il s’agit une loi qu’il a pu faire signer en mars 2010après un long parcours d’oppositions de la part des Conservateurs. Cette réforme du système de santé américain permet aux citoyens d’avoir une couverture santé universelle et d’éviter ainsi 45000décès par an. Cela, permet de mettre en avant l’image d’un président efficace dont les paroles se traduisent par des actes ce qui conforte son ethos de « sérieux ». Des messages positifs visant la promotion de cet organisme et ce programme pour la santé sont régulièrement postés sur la page (Tweet N°3. 2). Le tweet N°1.2montre, à l’aide des statistiques, la réussite de ce programme d’assurance santé et comme effet de feed-back, les tweets N° 2. 2, 4. 2et 5. 2montrent les réactions positives des internautes de ce programme qui permet de montrer l’ethos de solidarité du président qui est fortement investi dans la lutte sociale contre la précarité sanitaire.

Par la Obamacare se renforce la qualité et l’efficacité des actes du Président, ce qui renforce l’ethos de « crédibilité » sous lequel se réunissent l’ethos du sérieux sans pour autant être austère, l’ethos de vertu par les valeurs familiale citoyenne et humaine qu’il défend et l’ethos de compétence qui guide et encourage dans les différents domaines économique et politique.

Sur un autre front, celui de la Obama foundation (support N°3) l’ex-président se consacre à la communauté des jeunes surtout afro-américains des milieux défavorisés afin de les mettre sur les rails sur le plan professionnel et éducationnel. À travers différents programmes, Obama et son épouse assurent des formations permettant à ces jeunes d’accéder à l’éducation et même à travers le monde, d’avoir des diplômes et de créer des startups et de les faire fonctionner. Ils apprennent à ces jeunes à cultiver leur leadership chacun dans son domaine. Le plus important comme le montrent les tweets1. 3, 2. 3et 7. 3est ce soutient constant qu’apporte Obama à ces jeunes en les encourageant dans leurs actions individuelle ou communautaire. Les tweets N° 3. 3, 4. 3et 8. 3louent l’action de la fondation tout autant que les différents fellows qui ont réussi à devenir leaders. De la promotion mais aussi des résultats concrets sont présentés sur cette page de tweeter. Les derniers tweets N°5. 3et N°6. 3engagent surtout la personne du président qui rend hommage à Martin Luther King JR en rencontrant les représentants de sa fondation pour l’anniversaire de son assassinat. Un autre tweet, le N°6. 3, met en avant la figure de l’intimité (Charaudeau, 2005 : 117) du président dévoilant son « côté romantique » par la présentation de l’édifice érigé pour le lieu du premier rendez-vous du couple. Le tweet N°7. 3une fois de plus cette volonté d’encourager les jeunes quelle que soit leur communauté, leur origine et leur appartenance religieuse, notamment lorsqu’elle est musulmane comme le montre ce tweet. À travers ces tweets, notamment ceux de l’Obama Foundation, nous découvrons l’ethos de « vertu » du président qui n’hésite par à encourager et à donner l’exemple à tous ces jeunes pour leur réussite. Cela dit, la tweetosphère permet de jeter un regard sur les différentes constructions de l’image de soi, mais aussi de cerner une autre composante de cette image, en l’occurrence l’ethos préalable. 

5- L’ethos préalable

La construction de l’image de soi ne se réalise pas uniquement à travers le discours de l’énonciateur et elle ne dépend pas uniquement et totalement de sa volonté. Il existe une autre identité, celle qui se construit préalablement au discours du président ; il s’agit de l’ethos préalable qui se définit comme cette image qui : « […] qu’elle soit individuelle ou collective, la construction d’une image de soi est toujours tributaire d’un imaginaire social […]. C’est dans l’échange, et donc en fonction de normes partagées, que je construis une identitée à l’intention de mes partenaires » (Amossy, 2010: 44). Cette image est celle qui se dépose dans l’imaginaire collectif et son élaboration repose essentiellement sur l’instance médiatique (mais aussi à travers les réseaux sociaux) et qui fait que l’homme politique « […] se trouve dans un double dispositif : de monstration correspondant à sa quêtede crédibilité, de spectacle correspondant à sa quête de captation » (Charaudeau, 2005 : 48). En ce sens, la Maison Blanche dispose de ses photographes officiels, d’un site sur lequel figure tout ce qui concerne la vie politique dans ce sanctuaire, mais aussi la vie politique de toute l’Amérique. Ces medias officiels montrent le président dans l’exercice de ses différents rôles et tâches, à ceux-là s’ajoute toutes les critiques positives ou négatives relatives à la réception de ses œuvres qu’elles soient littéraires ou autre. Toutes ces images superposées présentent des mises en scène représentatives des facettes multiples des identités de Barak Obama.     

 Dans le champ politique interfèrent les discours du président et les discours sur le président, ses faits, gestes, positions politiques, vie familiale, intimité, comportements et mêmes hobbies et tenues vestimentaires14. S’agissant du président des États Unis, tout est passé au crible fin. Des interviews, des biographies, des vidéos et surtout des photographies viennent conforter les images inférées à travers les différentes activités discursives. Pour le cas précis de ce travail, nous nous sommes surtout penchée, pour cerner l’ethos préalable, sur les images et les vidéos publiées par la Maison blanche ainsi que les réactions des internautes via les différentes pages de Twitter du président. Ces réactions montrent clairement l’image qu’ont les citoyens américains surtout de leur ancien président. Lesupport N°2regroupe les tweets les plus explicites à ce sujet.

En effet, tweet N°1. 2montre les statistiques concernant les réactions positives à propos de l’assurance maladie instaurée par l’ancien président. Le tweet N°2. 2dénonce le comportement immonde de l’actuel président et son indifférence aux obsèques d’Aretha Franklin, inférant ainsi le manque de compassion de ce dernier, son racisme et son côté inculte. Dans le même fil de tweets, un autre internaute réagit par un tweet sur lequel figure une image où l’on voit un visage composé de la demi-face de Trump et celle de Nixon, avec le message :  We forced a crook out of office. We’ll do it again qui signifie « Nous avons évincé un truand de son poste. Nous le ferons à nouveau ». Par ce tweet, nous percevons l’image que se font les américains de leur actuel président qui est comparé à Richard Nixon dont le nom est lié à la Watergate15. Implicitement, il y’a toujours ces comparaisons désavantageuses pour Trump, comme le montre le tweet N°3et N°4dans lesquels on se moque en comparant la Obamacare au système actuel de santé par le collage dans la même image de la photo de Trump et celle d’Obama. Le premier avec un ventre proéminant jouant augolf, le second torse nu après sa séance de sport, exhibant un corps athlétique avec le texte : « Obamacare vs Trumpcare… you decide » ce qui veut dire « Obamacare vs Trumpcare… à vous de décider ». Le tweet N°5affiche un gif sur lequel figure un paysage de coucher de soleil avec le message : Please come back, « S’il vous plait, revenez ». Les tweets qui accompagnent ces posts disent: « What…am I waking up I in reality now. Pres BO is still our president right. All this Trump insanity was just à nightmare, correct ! » qui signifient « Quoi…suis-je en train de me réveiller dans la réalité maintenant. Le président BO est toujours notre président vrai ? Toute cette folie de Trump n’est qu’un cauchemar, vrai ! ». Ce tweet montre ouvertement à travers la comparaison qui met en contraste « rêve/cauchemar et BO/Trump » la place qu’occupe le président dans le cœur des américains. Dans le même sens, cet autre folower recourt à l’ironie pour dénoncer le système de santé mis en place par Trump et qui coûte à ce citoyen ainsi qu’à sa famille 700$ par mois en plus : «It will cost me and my family $700more per month to stay on the same plan for 2018…Thanks for NOTHING!« Ça va me coûter à moi et à ma famille 700$ par moi pour rester dans le même plan pour 2018. Merci pour RIEN ! ». Sur le plan typographique, le recourt à l’écriture en majuscule infère une intonation haute exprimant l’indignation par laquelle se termine le tweet.  

Ce que nous offre la tweetosphère, c’est la possibilité de cerner à vif les différentes images qui se sont construites du président, non pas dans son discours mais dans les discours de ses concitoyens qui suivent de près ses paroles tout autant que ses faits et gestes. À travers les différentes comparaisons entre la personne de l’actuel président des USA et celle de B.O., transparaissent les figures du président efficace, sérieux, vertueux, intègre, mais aussi l’ethos d’intelligence et de la compétence. C’est pour cette raison que les messages implorant le président à revenir sont une constante dans les différents espaces d’expression des américains et pas uniquement la tweetosphère.

Si sur le plan national le 44eprésident d’Amérique jouit d’une grande popularité vu les exploits qu’il a pu réaliser et ses positions concernant les questions du racisme, des armes et celle dela réforme du système de santé, il n’en reste pas moins que les avis sont mitigés concernant son image à l’international. Ayant obtenu le Prix Nobel en 2009surtout grâce à son ethos d’identification très développé et sous lequel l’on perçoit l’ethos de puissance, celui du caractère, celui de l’intelligence à côté de celui de l’humanité. Ses discours et ses positions contre l’armement, pour un nouveau départ avec l’Orient musulman notamment lors de la crise de l’Irak et de la Syrie, sa politique vis à vis de la Chine, les accords sur le nucléaire avec l’Iran et la réconciliation avec Cuba et surtout les accords sur la question environnementale lui ont valu à la fois admiration, mais aussi beaucoup de critiques. Dans un article publié le 02novembre 2016par le Frédéric Koller16sur le site du journal suisse Le Temps17, le journaliste dresse à travers les avis des spécialistes de la question le bilan des deux mandats d’Obama.  Il en relève les exploits tout autant que les échecs. En somme, les deux mandats du président ont été résumés par les propos de François Heisbourg interrogé par Koller à propos de :

L’Amérique de 2016 n’est-elle pas plus forte qu’en 2008 ?

– Ni plus ni moins. Son économie va bien, le budget militaire reste important. D’un côté, on peut dire que l’image des Etats-Unis est meilleure qu’à la fin des années Bush. De l’autre, il y a celle d’une Amérique qui a perdu ses repères, avec un recours à la force équivoque. L’échec de la ligne rouge et son pivot sécuritaire en Asie qui n’en fut pas un ont été interprétés comme de la faiblesse par les Chinois. C’est pour cela que Pékin avance en mer de Chine du Sud. Car la crédibilité des Etats-Unis est affaiblie.

Si le président a su se montrer compétent, conciliateur et fort, il assume avec beaucoup de sagesse ses faiblesses :

« C’est le premier président qui n’a pas peur d’être perçu comme faible dans sa réticence à user la force, estime Jussi Hanhimäki. Il a opéré un virage de l’usage de la force militaire vers la diplomatie avec des objectifs politiques. Il veut que les Etats-Unis restent le numéro un mais les moyens ont changé. On appelle cela le soft power. L’image des Etats-Unis est bien plus positive aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2008 ». (Jussi Hanhimäki in. Koller, 2016)

Des succès et des échecs mais de façon générale, Obama reste un ancien président largement apprécié par rapport à son prédécesseur et surtout par rapport à son successeur. Ce succès est également dû à ces images médiatisées de sa vie d’homme politique, de père, d’époux aimant, très proche des citoyens avec une figure de l’humour (Charaudeau, 2005 : 117) très présente. Dans chacun de ces contexte le président se met en scène en instaurant des scénographies variées lui permettant de générer des images de soi aussi variées les unes que les autres mais qui sont complémentaires et convergent vers une image unique avec des facettes multiples. C’est le procédé des scénographies multiples que nous détaillons dans ce qui suit.

6- Le procédé des scénographies multiples pour un président qui se veut « unique »

Le concept de scénographie réfère à cette scène d’énonciation de laquelle émerge le discours et qui en retour permet de le valider. Les discours institués sont en perpétuelle recherche d’une scénographie originale pour s’énoncer, car c’est au niveau de cette scène que le lecteur éventuellement identifiable au co-énonciateur, se voit assigner un rôle dans une scène énonciative pour recevoir effectivement le discours. À travers ce dispositif énonciatif s’établissent les paramètres de cette scène de parole. Elle prend en charge l’instauration des différents paramètres énonciatifs liés à la chronographie (temps ex : pendant un dîner, durant la guerre, lors d’un voyage…) et à la topographie(lieu ex : le désert, la ville, sur un bateau, sur une île déserte…) de l’énonciation tout autant que les deux protagonistes qu’elle réunit, en l’occurrence, l’énonciateur (ex : un écrivain, un évadé de prison, un guerrier, une femme au foyer…) et le co-énonciateur. Le discours littéraire est le premier à en exiger, car non seulement elle est partie intégrante du rituel d’écriture de ce discours, mieux encore, elle porte souvent en elle cette part d’originalité d’une œuvre, lui permettant une certaine position dans le champ littéraire. Certains genres du discours politiques exigent également la présence d’une scénographie. Différente dans son fonctionnement de celle du discours littéraire, elle permet souvent d’entrevoir une image de l’énonciateur ainsi que de son co-énonciateur tout en définissant le cadre topographique et chorographiques duquel émerge le discours. La scénographie est définie par Maingueneau comme suit :

À chaque fois que le lecteur se voit assigner une place, c’est une scène narrative construite par le texte, une « scénographie ». Le lecteur se trouve ainsi pris dans une sorte de piège, puisqu’il reçoit le texte d’abord à travers sa scénographie, non à travers sa scène englobante et sa scène générique, reléguée au second plan mais qui constituent en fait le cadre de cette énonciation. C’est dans la scénographie, à la fois condition et produit de l’œuvre, à la fois « dans » l’œuvre et qui la porte, que se valident les statuts de l’énonciateur et de co-énonciateur, mais aussi l’espace (topographie) et le temps (chronographie)18à partir desquels se développe l’énonciation. (2004 : 192).          

En dépit du fait que souvent le rôle et le statut des partenaires du discours politique sont presque prédéfinis, il reste néanmoins une certaine marge assez importante qui permet, à ce juste titre, de mettre au point des scénographies permettant d’atteindre le co-énonciateur et de l’amener à adhérer au discours de soi. Le discours politique de B. H. Obama est très riche en matière de genres ; il englobe des discours officiels solennels comme ceux prononcés devant les différentes assemblées ou lors de sommets et rencontres internationaux réunissant les chefs d’états et des rois. Dans ce qui suit nous en exposons quelques uns. La scénographie globale qui s’installe dans ces discours est la scénographie présidentielle ; Obama endosse avant tout son rôle du chef d’état du pays le plus fort au monde. Ce rôle est ajustable en fonction de la chronographie et de la topographie ainsi que du public auquel il fait face.

À cet effet, son Discours de Philadelphie (2008) sur la question raciale est un discours conciliateur où le président n’hésite pas à recourir massivement au « nous » inclusif, se mettant au même niveau que ces interlocuteurs, notamment ceux de couleur, dont il porte la voix. À travers le Discours du Caire, Obama se démarque par ses prédécesseurs. Précédé d’une visite à une mosquée célèbre du Caire, ce discours prononcé à l’Université du Caire, un lieu symbolisant le savoir en Orient et devant une assistance de 3000personnes était très attendu car il aborde pour la première fois dans l’histoire des chefs d’états des États Unis d’Amérique les rapports entre l’Amérique et les musulmans. Question épineuse certes, au vu de ce qui se passait en Irak, en Syrie, en Afghanistan et avec l’Iran. Obama, et peut être grâce à son identité multiple recelant dans ses sillages, plus exactement du côte de la filiale paternelle l’Islam, aborde avec aisance et sur un ton extrêmement conciliant cette question, montrant une proximité certaine par rapport à cette communauté. Intitulant son discoursNouveau départ, il commence par la salutation symbolique des musulmans : salamoualikoum « que la paix soit sur vous », Obama va d’abord dresser un bilan des relations Occident- Islam, pour ensuite exprimer ce que doit l’Occident à la civilisation arabo-musulmane et annoncer, enfin, le nouveau départ tant attendu par tous :

Je suis venu ici au Caire en quête d'un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l'intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur la proposition vraie que l'Amérique et l'islam ne s'excluent pas et qu'ils n'ont pas lieu de se faire concurrence. Bien au contraire, l'Amérique et l'islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain. (Obama, juin 2009)

Ce discours va également parler de la paix au Moyen-Orient en insistant sur la création d’un État palestinien et en incitant Israël à arrêter la colonisation. Dans ce cadre international et face à cet auditoire, le président se présente comme « un féru de l’histoire », étant donnée qu’il est dans un sanctuaire du savoir, celui de l’Université, qui jouele rôle du médiateur entre l’Occident et les musulmans, entre le passé et le futur, instaurant ainsi la scénographie conciliatrice. Il accédera au statut de « chef », ce qui lui vaudra quelques mois, plus tard de la même année, le Prix Nobel.

Cette même scénographie va être reprise, certes légèrement modifiée en fonction du contexte du discours, mais sera récurrente dans d’autres discours, tel le discours de Prague (avril 2009) sur un monde sans armes nucléaire, en réitérant son slogan de campagne « Yes we can » « Oui nous pouvons ».

Sur un autre plan, d’autres scénographies plus intimistes sont perçues du Président. D’abord dans son discours littéraire, son œuvre autobiographique majeure Les rêves de mon père ([1994] 2004) et l’autre épistolaire Lettre à mes filles (2010) visant à transmettre les valeurs d’une Amérique vue d’un autre angle.À ces scénographies s’ajoutent d’autres qui contribuent non pas à construire son identité discursive, mais à élaborer son identité sociale19. Cette fois-ci, ce sont d’autres modalités qui entrent en jeux dans la construction de cet ethos préalable ; adoptant essentiellement comme médium l’image fixe et l’image mobile, les tweets, la chaîne officielle de la Maison Blanche, les medias et les autres réseaux sociaux, le président se met en scène spontanément comme père de famille modèle, comme mari aimant, comme un être sensible à tout ce qui pourrait affecter son prochain et surtout drôle. Des tweets surtout de l’Obama Fondation viennent rappeler à quel point le président et sa femme sont impliqués dans les entreprises caritatives. Souvent, entourés de jeunes en Amérique ou en Afrique du Sud, adoptant la scénographie familiale engagée, Barak et Michelle prêtent main forte aux plus démunis pour une scolarité descente.

Si ce procédé a caractérisé l’ensemble du discours politique du président, c’est dans son dernier discours prononcé lors du Diner des correspondants20qui a eu lieu le 30avril 2016que l’on perçoit clairement ce procédé. En effet, lors de ce diner se réunissent les journalistes de renommée, les politiciens de tous rangs et les stars hollywoodiennes allant de Helen Mirren à Kendal Jenner passant par Will Smith, Emma Watson et Aretha Franklin qu’il affectionne particulièrement. Le discours prononcé lors de cette soirée est marqué par l’humour21et recourt massivement au procédé de l’allusion humoristique qui lui permet de critiquer un certain nombre d’invités et à l’autodérision. Obama commence par lemaire de New York Bill De Blassio sur sa blague sur PCT22, ensuite vient le tour de Hilary Clinton et son initiation aux réseau sociaux, Bernie Sanders et Donald Trump en louant ironiquement ses compétences sur le plan des relations internationales : « On dit de Donald Trump qu'il n'a pas d'expérience internationale. Pourtant, il a passé des années à rencontrer des leaders du monde entier : Miss Suède, Miss Argentine, Miss Azerbaïdjan… ».   Par ces propos, Obama fait un clin d’œil aux nombreuses années durant lesquelles le Trump s’attelait à diriger le concours de Miss Univers.

Le discours de ce diner qui va évoquer l’épouse du président et sa jouvence, va s’achever sur un sketch intitulé Couch commander23mettant en scène le président en difficulté à trouver une occupation après la fin de ce mandat. Cela le conduit à des situations extrêmement rocambolesques. Ce discours parsemé d’humour et d’ironie est le dernier du président. Si la scénographie globale est celle du discours politique, elle reste néanmoins concurrencée par une autre artistique qui s’annonce dès le départ avec l’entrée du président sur fond musical de « When I'm Gone » (tube des années 1930, repris pour le film Pitch perfect avec Anna Kenderick). Pour commenter cette entrée musicale, il dira : « Vous ne pouvez pas le dire, mais vous savez que c'est vrai », par cette entrée artistique Obama enchaine des blagues, des allusions et des propos ironiques face à un public d’artistes, cette scénographie vient lui donner une licence qui lui permet, une fois, de plus d’aborder certains sujets sensibles avec beaucoup d’humour. Cette scénographie se confirme en s’achevant sur « Obama out » des propos empruntés au feu basketteur Kobe Bryant lors de son dernier match par lequel il met fin à sa carrière et surtout par son geste venu de chez les grands rappeurs, celui du Mic Dorp « le lâcher du micro », geste devenu très célèbre (au point d’en faire un gif) et par lequel il couronne son discours.

 Ainsi et en scrutant les deux ethè du président qui développent essentiellement des images et des figures nourrissant son ethos de crédibilité et son ethos d’identification, nous percevons cette panoplie d’images qu’il a su orchestrer avec beaucoup d’ingéniosité ; elles sont cohérentes, solidaires et surtout complémentaires convergentes vers l’image du « chef suprême ». Leur construction n’est pas anarchique en dépit de leur nombre. Elles viennent montrer un président exerçant ses fonctions, un homme politique au service de son pays, un citoyen soucieux de son prochain, un mari et un père de famille attentionné et aimant. Il a su allier l’image de la force à celle de la sensibilité, celle de la compétence à celle de la vertu, celle du bon goût à celle de l’expert, tout cela grâce au procédé des scénographies multiples lequel, pour le cas présent, apparait  comme consubstantiel au discours politique de ce président ; pour chaque occasion, pour chaque situation, pour chaque événement et au quotidien est mise en place une scénographie (ou plusieurs) qui permettrai.en.t d’inférer l’image d’un énonciateur aux rôles et aux images multiples. Fonctionnant tel un puzzle dont les pièces sont complémentaires, ce procédé permet d’élaborer, grâce aux deux ethè l’un dit préalable et l’autre discursif, l’identité de ce président qui voulait être « d’exception ».

Références bibliographiques

  • AMOSSY R. La présentation de soi. Ethos et identité verbale, Presses Universitaires de France, coll. Interrogation philosophique, 2010. 
  • AMOSSY R. L’argumentation dans le discours, Armand Colin, [2000] 2010.
  • CHARAUDEAU P., Le discours politique. Les masques du pouvoir, Vuibert, [2005] 2007.
  • CHARAUDEAU P, Identité sociale et identité discursive, le fondement de la compétence communicationnelle, « Niterói », n. 21, p. 339-354, 2. sem. 2006.
  • CHARAUDEAU P. MAINGUENEAU D. et al., Dictionnaire d’analyse du discours, Seuil, 2002.
  • DETRIE C., SIBLOT P., VERINE B., Termes et concepts pour l’analyse du discours une approche praxématique, Honoré Champion, 2001.
  • GOFFMAN, E., La mise en scène de la vie quotidienne. 1 La présentation de soi, Ed. de Minuit, [1996]1973.
  • Obama H. B, L’audace d’espérer, Presses de la cité, 2007.

                        -Les rêves de mon père, Presses de la cité, [1995] 2008.

                                           - Lettre à mes filles, Alfred A. Knopf, 2010.

- LITT D., Thanks, Obama: My Hopey, Changey White House Years,Ecco, 2017.

Références en ligne

- LE LIEVRE A., Les cinq discours phares de Barak Obama, 10 janv. 2017 à 16h18 En ligne sur : https://www.lesechos.fr/2017/01/les-cinq-discours-phares-de-barack-obama-158743, consulté le 25/01/2019.

  • PARANT P.Barack Obama fait le show une dernière fois au dîner des correspondants, «Vanityfair», 02 mai 2016, en ligne sur :https://www. vanityfair.fr/ actualites/ articles /obama-au-diner-des-correspondants-dernier-discours-d-un-president-pop/41184, consulté le 10/03/2019.
  • PRODEHL P., Barack Obama restera-t-il comme une second Kennedy dans l’histoire ?,  « Contre point » le 08/11/2016: https://www.contrepoints.org/2016/11/08/270979-barack-obama-kennedy-honorable, consulté le 27/05/2019.
  • ROSSETTE F.,  Intégrer une communauté dans une autre : Barack Obama et Amazing Grace , « Argumentation  et Analyse du Discours » [En ligne], 21 | 2018, mis en ligne le 15 octobre 2018, URL : http://journals.openedition.org/aad/2799 ; DOI : 10.4000/ aad. 2799, consulté le15/10/ 2018.
  • Critiques libres, publié le 17/07/2008 par Dirlandaise, http://www. critiqueslibres .com /i.php/vcrit/17414, consulté le 02/03/2020.
  • « Swag » dictionnaire L’Internaute, https://www.linternaute.fr/dictionnaire /fr/definition  /swag/
  • The official photostream of the White House, https://www.flickr.com/people/whitehouse/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Annexes

Support 1 : Les tweets de Barak Obama (@BarakObama)                                                                

 

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1- Célébration de Pâques en famille (2019).

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2- Les vœux de Barak à Michelle pour la Saint-Valentin.

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3-Les vœux de Barak à Michelle pour son anniversaire.

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4- Image de visite à Notre Dame venant rendre lui hommage après l’incendie (2019).

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5- Retweet de Obama venu de l’Obama Foundation, les félicitations pour les nouveaux boursiers de la fondation.

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6- Un mot d’encouragement pour ces deux jeunes personnes (13et 16ans) de Denver et Minneapolis qui luttent pour l’environnement et dénoncent la politique Trump à propos de la COP 24.

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7- Encouragement pour Greta Thunberg (16ans), jeune suédoise qui a initié un mouvement de grève réclamant une action pour le climat.  

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11- Hommage à Valerie Jarett, avocate et ancienne conseillère du président. Il évoque son livre Trouver ma voie (2019).

12- Dans ce dernier tweet, Obama exprime sa fierté à la rencontre des jeunes démocrates, relève du Parti démocrate. 

8- Mots tendres et très flatteurs pour son épouse à l’occasion de la sortie de son livre autobiographique : Devenir Michelle Obama (2018).

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9- Un hommage très touchant rendu à Reine de la saoul Aretha Franklin à son décès en août 2018

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10- Ce tweet rend hommage à Johnny Boucher qui a ouvert a Chicago un café où peuvent trouver des personnes à tendance suicidaire un support psychologique et moral.

 

Support  N°2 : Les tweets de la Obama care (@Obamacare.biz

1- Dénonciation, à travers ce tweet, des démocrates du plan Trump concernant le « payeur unique » des assurances maladie, suivi d’un tweet de statistiques montrant l’efficacité de l’Obama Care.

2- Ces deux  tweets d’un abonné à la page dénoncent les comportements « immondes » de l’actuel président comparé dans cette image à Richard Nikson.

3-Le lancement à travers cette vidéo, faite par le président lui-même, du renouvellement de l’inscription aux assurances maladie.

 

4- Comme réponse aux tweet précédent, les followers de cette page répondent avec humour comparant la Obama Care à la Trump Care, mais ce sont surtout des effusions de remerciements qui vont suivre.

 

5- Toujours comme réponse viennent ce Gif et ces mots qui gratifient les efforts de l’ancien président pour l’assurance maladie.

 

 

6- Ce tweet de l’influenceur Frank Tyndell (cofondateur de la Magna Charter Academy) exprime sa fierté de voir sa fille protester pour soutenir les musulmans.  

 

Support N°3 : Les tweets de  The Obama Foundation  (@ Obama Foundation)

 

1- Ce tweet est celui de la MBK Alliance (My Brother's Keeper Challenge) qui partage un lien vers un article écrit par Senegal Mabry, un jeune membre du conseil consultatif visant à mettre en avant l’importance de miser sur les jeunes comme leaders.

2- Hommage au Dr. Lubeya de Zambie pour son travail en tant que médecin venant en aide à ses concitoyens, mais surtout pour son rôle de mère, à l’occasion de la célébration des mamans.  

3- Tweet de Harry Grammer l’activiste pour l’environnement et poète à l’intention de la Fondation. Il loue ses actions pour un monde meilleur. 

 

4- Ce tweet présente la vidéo de promotion de la Fondation mettant en scène des jeunes venus surtout de milieux défavorisés et ayant pu percer dans le monde du travail et du leadership.

5- Tweet de la fondation en association avec la MBK Alliance rendant hommage à Martin Luther King Jr., à l’occasion du cinquantenaire de son assassinat. Cette vidéo hommage met en scène le président avec les membres de la Dr. King’s Legacy de différentes génération et évoquant sa mort, sa vie et sa lutte.    

6- La fondation ne manque pas de souhaiter une joyeuse fête de la Saint-Valentin à Michelle Obama par la publication de l’édifice érigé à au lieu du premier rendez-vous de Barak et Michelle Obama.  

7- Ce tweet montre l’image du couple présidentiel avec cette jeune musulmane américaine en évoquant l’histoire des noirs d’Amérique lors du Black history month en 2016.    

8- Annonce de la nouvelle classe des Fellows de la fondation ayant réussi à devenir un leader, chacun dans son domaine.

 

 

 

Références

  1. Être « Swag », selon le dictionnaire en ligne l’Internaute, se dit d’une personne qui « possède un style, du charisme. On  dit de quelqu'un  ou d'un objet qu'il a du "swag" lorsque son look est apprécié, qu'il suit lamode tout en étant décontracté ». À l’origine, ce constat est fait par un article journalistique écrit par Marie Haynes et publié le 06/11/2016à l’Express et qui porte justement le titre : Barack Obama, président le plus swag des Étas Unis. Accompagné d’une vidéo montrant l’ancien président dans ses moments les plus décontractés, cet article montre à quel point celui-ci est charismatique et décontracté. 
  2. Barack Obama (@BarackObama) Twitter
  3. The obamacaresignifie :  « Le Patient Protection and Affordable Care Act (en français, Loi sur la Protection des Patients et les Soins Abordables), surnommée « Obamacare », est une loi votée par le 111e Congrès des États-Unis et promulguée par le président Barack Obama le 23mars 2010 ».https: //www. google.com /search? q=the+obama+care&rlz=1C5CHFA_enDZ884DZ885&oq=the+obama+care&aqs =chrome. 69i57j0l7. 4253j1j8&sourceid=chrome&ie=UTF-8
  4. The official photostream of the White House, https://www.flickr.com/people/whitehouse/
  5. Ce constat a été fait par Pete Prodehl dans son article paru au « Contre point » le 08/11/2016: Barack Obama restera-t-il comme une second Kennedy dans l’histoire ? https://www.contrepoints.org/2016/11/08/270979-barack-obama-kennedy-honorable
  6. L’italique est de l’auteur.
  7. L’article « Sociologie de la famille et conservatisme moral aux Etats-Unis » de Nicholas Herpin énumère, à ce juste titre, les valeurs morales défendues par les différentes organisations conservatrices et de certaines Églises des États Unis d ‘Amérique. https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2013-3-page-108.htm
  8. Selon Goffman « La face sociale d’une personne est souvent son bien le plus précieux et son refuge le plus plaisant […] Tout autant que d’amour propre, le nombre d’un groupe quelconque est censé faire preuve de considération : on attend de lui qu’il fasse son possible pour ne pas heurter les sentiments des autres ni leur faire perdre la face, ce de façon spontanée et volontaire » (1974:13)
  9. L’italique est de l’auteure. 
  10. Obama en tant qu’activiste pour les droits de la communauté de couleur s’inscrit dans la lignée post-raciale, il se démarque par ses positions modérée et conciliatrice qui se démrquent des autres activistes tels que le pasteur Jeremiah Wright duquel au lendemain du discours de Philadelphie (2008) (Voir référence infra), il a été «  […] amené par les propos polémiques de son ancien pasteur, Jeremiah Wright, qui avait dénoncé en des termes virulents la discrimination envers les Noirs ». Les médias ont évoqué un divorce entre Obama et Wright ; en raison des propos virulents et extrémistes, le président a été amené à exprimer ouvertement ce divorce alors qu’il était adepte de son église et de ses idées, comme l’explique Caroline Lesnes à travers un article paru le 30avril 2008dans Le Monde, intitulé : « Le candidat démocrate Barack Obama rompt avec le pasteur controversé Jeremiah Wright», https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2008/04/30/le-candidat-democrate-barack-obama-rompt-avec-le-pasteur-controverse-jeremiah-wright_1039993_829254.html
  11. «Les cinq discours phares de Barack Obama », Adrien Lelièvre, Les Échos, le 10/01/2017,https://www. Les echos.fr/2017/01/les-cinq-discours-phares-de-barack-obama-158743
  12. Critiques libres, publié le 17/07/2008par Dirlandaise, http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/17414
  13. Nous tenons à préciser que les tweets analysés dans le cadre de cette réflexion relèvent de la période post-présidence d’Obama. En dépit de leur caractère récent (datant essentiellement de 2019), Obama se présente toujours d’abord comme président sur son profil personnel. Par conséquent, le comportement verbal tout comme son positionnement dans le champ politique restent fidèles à ses principes de président. Un autre raison vient justifier le choix de cette période et qui vise à montrer que même bien des années après son départ de la Maison Blanche, Obama est toujours réclamé par ses concitoyens. 
  14. Concernant ce dernier point, subtilement Obama a montré un goût raffiné (Charudeau, 2005 : 116)  en matière d’habillement, de nourriture, de musique notamment son faible pour Aretha Franklin qui a su lui subtiliser quelque larmes lors de son passage au Diner des correspondants en 2016.
  15. Watergateest le scandale lié à une affaire d’espionnage politique qui a abouti en 1974suite à la quelle le président Richard Nixon a dû démissionner.
  16. « Frédéric KOLLER a été correspondant à Pékin de fin 2000à 2006pour divers journaux francophones dont le journal Le Temps (Genève) et le magazine L’Express (Paris). Il dirige depuis fin 2006la rubrique internationale du Temps. Il est l’auteur de Portraits de Chine (Édtions Alvik) et d’un ouvrage sur le barrage des Trois Gorges intitulé Le fleuve muré (Éditions Cadrat) réalisé avec le photographe Pierre Montavon » https://www.editions ducygne.com/editions-du-cygne-frederic-koller.html.
  17. https://www.letemps.ch/monde/quil-restera-monde-dobama
  18. L’italique est de l’auteur.
  19. L’identité sociale selon Charaudeau est « cette particularité de devoir être reconnue par les autres. Elle est ce qui donne au sujet son « droit à la parole », ce qui le fonde en légitimité […]. La légitimité est une notion qui n’est pas exclusive du domaine politique. D’une façon générale, elle désigne l’état ou la qualité de qui est fondé à agir comme il agit. On peut être légitimé ou non à prendre la parole dans une assemblée ou une réunion, à édicter une loi ou une règle, à appliquer une sanction ou donner une gratification. Le mécanisme par lequel on est légitimé est un mécanisme de reconnaissance d’un sujet par d’autres sujets, au nom d’une valeur qui est acceptée par tous ; ainsi en est-il dans les exemples précédemment cités. Aussi, la légitimité dépend-elle des normes institutionnelles qui régissent chaque domaine de pratique sociale et qui attribuent des statuts, des places et des rôles à ceux qui en sont investis » (Charaudeau, 2006 : 344). La légitimité du président s’est forgée d’abord par son parcours politique, par son élection surtout en tant que président, par ses œuvres écrites et son comportement. Cette légitimité est institutionnelle, discursive et identitaire. 
  20. XLe diner des correspondants selon Wikipédia existe depuis 1924, c’est « le dîner annuel (White House Correspondents' Dinner, WHCD) est une tradition nationale durant lequel le président et le vice-président des États-Unis comparaissent. Treize présidents ont assisté au dîner du WHCA, dont le premier fut Calvin Coolidge en 1924. La soirée se déroule le dernier samedi du mois d'avril. […] Depuis plusieurs années, il est d'usage que soit présenté après le dîner un sketch dans lequel on se moque du président. Ce sketch est parfois effectué par le président lui-même dans un numéro d'autodérision ou bien par un comédien ou humoriste. La performance est parfois accompagnée d'un film de courte durée faisant participer le président ou l'orateur. Diverses célébrités ont participé à cet exercice dont Nat King ColeDizzy GillespieBob HopeJames CagneyBarbra StreisandBenny GoodmanDuke EllingtonRich LittleJay LenoJimmy Kimmel ou encore Conan O'Brien à plusieurs reprises » https://fr.wikipedia.org/wiki/ Association_ des _correspondants_de_la_Maison-Blanche
  21. L’humour chez Obama est loin d’être le fruit de l’improvisation. David Litt le speechwriter et humoriste attitré du président Obama écrit une sorte d’autobiographie relatant son aventure scripturale sous le titre de Thanks, Obama : My Hopey, Changey White House Years,paru chez les éditions Ecco en 2017. Parmi ces « vannes » les plus célèbres, sont celles qui ont rendu furieux Trump et le démontant lors du Correspondents’ Dinner de 2011.
  22. Colored people's time réfère au «  temps des gens colorés [qui] est une expression américaine qui fait référence à un stéréotype négatif des Afro-Américains comme étant souvent en retard. L'expression est souvent décrite comme un stéréotype raciste péjoratif » https://en.wikipedia.org/wiki/Colored_people%27s_time. Le maire de New York a eu l’occasion d’utiliser publiquement cette expression pour justifier son retard pensant faire de l’humour étant donné que sa femme et ses enfants sont des afro-américains. Seulement si le président l’évoque à cette occasion, c’est pour lui faire comprendre que les blagues racistes dans la sphère politique sont toujours mal reçues en dépit de l’identité et du statut de leur énonciateur.

https://www.youtube.com/watch?v=OIDEGN4Js40

 

 

@pour_citer_ce_document

Souad Baba Saci, «Le procédé des scénographies multiples dans la construction de l’ethos politique de Barak Hussein Obama»

[En ligne] ,[#G_TITLE:#langue] ,[#G_TITLE:#langue]
Papier : p p 54-74,
Date Publication Sur Papier : 2020-08-17,
Date Pulication Electronique : 2020-08-17,
mis a jour le : 17/08/2020,
URL : https://revues.univ-setif2.dz:443/revue/index.php?id=7023.