Comprendre pour traduire : cas des diplômés en Traduction en Algérie
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N° 25 Décembre 2017


Comprendre pour traduire : cas des diplômés en Traduction en Algérie

Amina Fatima Zahra TALBI
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  • Abstract
  • Auteurs
  • TEXTE INTEGRAL
  • Bibliographie

إنّ الهدف من هذه الدراسة هو إثبات أهمية مرحلة ما قبل الترجمة في الفعل الترجمي، لاسيما الفهم.

وللقيام بذلك، قمنا بعرض ​​نص يتضمّن مراجع ثقافية في شكل تلاعبات لفظيّةعلى عدد من خريجي الترجمة ليترجموه، وأرفقنا به استبيانا يحتوي على مجموعة من الأسئلة حول معارف المشاركينومنهجية عملهم والأدوات التي يستعينون بها.وأظهرت النتائج أنّ المشاركين لا يملكون المعارف اللغوية وخارج اللغوية اللازمة لترجمة نص من هذا القبيل، وأنّهم لا يعتمدونعلىالطريقة المناسبة، ولا يقومون بالبحث اللازم، ولا يستخدمون الأدوات التي تسمح بفهم جيد للنص المعني وترجمة أفضل له.وأخيرا، فإننا نوصي المشاركين بتدارك النقائص التي يعانون منها وتحسين مهاراتهم اللغوية وخارج اللغوية، كما نوصي أساتذة الترجمة بخلق توازن بين مرحلتي الترجمة – أي الترجمة وما قبلها – في تدريس هذا الإختصاص، فضلا عن شرح كل مرحلة من مراحل عملية الترجمة للطلبة وتبيان أهميتها واقتراح أدوات ووسائل من شأنها أن تسمح بفهم جيد للنص وترجمة أفضل في اللغة المستهدفة.

الكلمات المفاتيح: عملية الترجمة -الفهم -منهجية الترجمة -أدوات الترجمة -المعرفة اللغوية وخارج اللغوية.

La présente étude a pour objectif de démontrer l’importance de l’étape pré-traduction dans le processus traductif, en particulier la compréhension. Pour ce faire, nous avons soumis à la traduction auprès d’un panel de diplômés dans cette discipline un texte sous forme de jeux de mots contenant des références culturelles. Nous y avons joint un questionnaire englobant un ensemble d’interrogations sur leurs démarches de travail. Les résultats démontrent que les participants ne disposent pas des connaissances linguistiques et extralinguistiques nécessaires à la traduction de ce type de textes. De plus, ils n’adoptent pas la méthode adéquate et ne procèdent pas aux recherches indispensables à tout acte traductif. Et pour finir, ils n’utilisent pas les outils permettant une bonne compréhension et une meilleure traduction du texte en question. Pour conclure, nous recommandons aux participants de combler leurs lacunes en améliorant leurs compétences linguistiques et extralinguistiques. Nous proposons aussi aux enseignants de Traduction de créer un équilibre entre les deux étapes de l’enseignement de la Traduction, tout en explicitant aux apprenants chaque démarche du processus de traduction, et en leur communiquant les outils et moyens adéquats.

Mots-clés : processus de traduction – compréhension – méthodologie de la traduction – outils de traduction – connaissances linguistiques et extralinguistiques.

The aim of this study is to demonstrate the importance of the pre-translation phase in the translation process, mainly the comprehension stage. In order to do this we have submitted to the translation a text containing cultural references in the form of wordplays to a group of Translation graduates, to which was attached a questionnaire comprising a set of questions about their work procedures. The results show us that the participants do not have the necessary linguistic and extralinguistic knowledge essential in order to translate this type of text, neither do they adopt the appropriate method nor do they carry out the necessary research for its specific translation. And they do not use tools allowing a good understanding thus a better translation of the text in question. To conclude, we recommend the participants to address their shortcomings and improve their linguistic and extralinguistic skills. Also, we recommend the Translation lecturers to establish a balance between the two phases of translation in order to explain to the learners each and every step of the translation process, and to provide them with the appropriate tools and means.

Keywords: translation process - understanding - translation methodology - translation tools - linguistic and extralinguistic knowledge.

Quelques mots à propos de :  Amina Fatima Zahra TALBI

Maitre-Assistant A, Université frèrre Mentouri constantine 1

Introduction      

La Traduction étant par définition un acte visant à faire comprendre à autrui un message rédigé dans une langue qu’il ne connaît pas, requiert la compréhension comme première étape. Il va donc sans dire que le traducteur doit comprendre pour faire comprendre. Il est de ce fait un lecteur avant de devenir un rédacteur. Pour ce faire, une étape pré-traduction est indispensable dans tout travail de transfert d’un texte (écrit ou oral) d’une langue A1vers une langue B2. Cette étape, de par son importance, doit être prise en considération dans tout acte traductif. Cependant, soit par ignorance ou par négligence, et même si cela semble évident, un grand nombre de diplômés en Traduction ne lui accorde pas l’intérêt qu’elle mérite. Pour démontrer l’importance de cette étape, nous allons soumettre à la traduction auprès d’un panel de diplômés dans cette discipline un texte contenant un certain nombre de jeux de mots pour déterminer comment ils abordent ce type de textes. Respectent-ils toutes les étapes nécessaires ? Font-ils toutes les recherches nécessaires à la compréhension du texte puis bien évidemment à sa reformulation? Utilisent-ils les outils adéquats ? Adoptent-ils la méthode appropriée nécessaire à la traduction d’un texte de cette nature ? Et enfin, réussissent-ils à transférer le texte du Français vers l’Arabe ? Mais avant cela, nous allons nous intéresser au processus de traduction d’une manière générale, et à l’étape pré-traduction en particulier.

1. Le processus de Traduction :

Nous estimons qu’il existe deux étapes en Traduction : la pré-traduction et la traduction (nous y incluons la révision), chacune contenant différentes démarches.

1.1. L’étape pré-traduction : cette étape va de la lecture du texte de départ à la déverbalisation du sens qui sera restitué ultérieurement dans la langue d’arrivée. Nous expliquons ci-dessous chacune des démarches de cette étape.

a. La lecture compréhension: 

La lecture en Traduction va au-delà de la visualisation des signes graphiques d’un texte : elle représente plutôt une quête du sens. Il ne s’agit donc pas d’une lecture exploratoire qui « s’exerce au niveau macrotextuel, permet au lecteur de prendre connaissance globalement, superficiellement du contenu d’un texte tout en évitant la lecture intégrale, d’en déceler l’organisation de façon à pouvoir s’y orienter, en tirant parti des indices susceptibles de lui servir d’outils de guidage »(1), mais une lecture-compréhension qui permet d’extraire l’information et la dynamique du texte, d’une part, et d’assimiler à la fois les signifiants et le sens, d’autre part. En effet, « la traduction doit être une lecture fine parce que son objet est le sens et que le sens repose sur la perception non seulement du visible, mais aussi de l’invisible et de l’anodin. »(2). Nous comprenons ici l’importance de la lecture en traduction qui ne se contente pas de l’explicite et du dire de l’écrivain, mais part plutôt à la recherche de l’implicite et du vouloir dire de ce dernier. Pour ce faire, le traducteur doit assimiler les signifiants pour saisir le sens, tel que nous allons l’expliquer ci-dessous.

b. Assimiler les signifiants :

Ce processus vise à extraire le contenu conceptuel des mots à travers une analyse lexicale et grammaticale, qui se base bien évidemment sur les connaissances linguistiques du traducteur stockées dans sa mémoire au fil du temps, ou d’une recherche terminologique efficace. Ces connaissances permettent d’associer une signification à chaque mot. Toutefois, assimiler les signifiants n’est pas comprendre le sens, car il faut également saisir le lien qui existe entre les mots d’un énoncé. En effet, si l’on cite les mots suivant : crise – guerre – arme – menace, même si chaque mot nous rappelle une signification précise ou une image qui se forme dans notre esprit, et bien qu’ils appartiennent à un champ sémantique commun, nous ne déduisons aucun sens de ces mots, car il n’existe aucune relation entre eux. Ce sont les indices grammaticaux qui créent ce lien qui, à son tour, permettra de saisir le sens.

Une fois les signifiants assimilés, le traducteur ne doit pas procéder à un travail de correspondance terminologique, car il obtiendrait un semblant de phrase qui serait une vague référence au sens. Il doit plutôt partir à la quête du sens en se basant tout à la fois sur les signifiants et les signifiés, aussi bien que sur les liens qui existent entre les mots et les relations qui se créent par leur biais.

c. Saisir le sens :

La saisie du sens, quant à elle, « consiste à définir plus précisément le contour conceptuel d’un énoncé en l’enrichissant du contexte référentiel dans lequel il baigne. »(3)Nous constatons ici l’importance du facteur contexte qui donne un sens au groupe de mots de l’énoncé, car les signes linguistiques font ici référence à d’autres éléments qu’à eux-mêmes. Le sens est donc une synthèse qui se situe entre deux niveaux; le niveau de la structure et le niveau de la situation. Le premier désigne la structure du texte. Le second désigne les références situationnelles de l’énoncé. Cette synthèse est obtenue par l’analyse interprétative, qui est « une opération dans le processus de traduction dans laquelle les mots et les dires appartenant au texte source sont revêtus d’une signification exacte, et auxquels (mots et dires) le traducteur associe d’autres connaissances pour parvenir à la saisie du sens. »(4)3. Pour parvenir à la saisie du sens, le traducteur recourt au découpage du texte en unités de traduction.   

d. Les unités de traduction :

Gouadec définit l’unité de traduction comme une unité de situation « C’est la plus petite partie de l’énoncé qui suffit à évoquer un élément complet de la situation décrite. »(5)Vinay et Darbelnet la définissent comme une unité de pensée ou une unité lexicologique « Nos unités de traduction sont des unités lexicologiques dans lesquelles les éléments du lexique concourent à l’expression d’un seul élément de pensée. »(6)Lederer, quant à elle, parle d’unité de sens «L’unité de sens est le plus petit élément qui permette l’établissement d’équivalences en traduction […] Elle apparaît comme le résultat de la jonction d’un savoir linguistique et d’un savoir extralinguistique déverbalisé. »(7)Qu’il s’agisse donc d’une unité de situation, de pensée, lexicologique ou de sens, l’unité de traduction fait référence à des groupes de mots si étroitement liés qu'il est impossible de les séparer. Pour découper le texte en unités de traduction, il faut d’abord en repérer le groupe verbal ou non-verbal. Pour le groupe verbal, il s’agit du verbe qui en est le noyau et tous les éléments significatifs qui ont des fonctions spécifiques dans la phrase (sujet, complément, …etc.). Pour le groupe non-verbal, soit nominal, il s’agit d’un nom auquel viennent s’ajouter tous les mots qui le modifient ou bien en complètent le sens.

Examinons la phrase : malheureusement, elle est en retard.

                                        Unité 1                        Unité 2

Nous avons ici deux unités de traduction, la première se compose de l’adverbe « malheureusement » que l’on peut traduire en Arabe par «للأسف » ou «لسوء الحظ », et la seconde est « elle est en retard » (sujet + verbe + cc de temps) que l’on peut rendre en Arabe par «تأخّرت ».

Nous remarquons ici que le nombre de mots en Arabe ne correspond pas forcément à celui en Français, c’est pourquoi, il est important de souligner qu’une fois le sens de l’unité défini, il faut se détacher des signes linguistiques du texte source pour réexprimer le sens dans la langue d’arrivée.

Notons également que l’unité de traduction peut être composée soit d’un seul mot, soit d’un groupe de mots. Elle est donc soit simple, soit diluée soit fractionnaire, comme nous l’expliquons ci-dessous.

- unités simples : chaque mot correspond à une unité.

Exemple : Il/ part/ en/ vacances.

- unités diluées : deux mots ou plus qui ensemble véhiculent un sens. Cela concerne notamment les expressions figées et idiomatiques.

Exemple : Mieux vaut tard que jamais.

- unités fractionnaires : l'unité ne représente qu’une seule partie du mot. Cela concerne notamment les préfixes et suffixes.

Exemple : Antivirus.

     Le découpage du texte en unités de traduction permet sa compréhension en saisissant les relations entre les éléments de la phrase, ainsi que la cohérence et la cohésion entre eux d’un point de vue lexical et sémantique.

Pour la traduction des unités de traduction, Daniel Gile dit :

« Une unité de Traduction donne lieu à une hypothèse de sens à travers une analyse qui s’appuie sur une base de connaissances préexistante et sur la recherche documentaire (et terminologique). Cette hypothèse est soumise à un test de plausibilité. Si le résultat est positif, le Traducteur peut passer à l’étape suivante, à savoir la restitution de l’unité en langue d’arrivée ou l’analyse de l’unité de Traduction suivante ; s’il est négatif ou incertain, le Traducteur élabore une nouvelle hypothèse de sens, qu’il soumet à un test de plausibilité, et ainsi de suite. »(8)   

Cela signifie qu’une fois l’unité de traduction isolée, le traducteur doit puiser dans ses connaissances linguistiques et extralinguistiques pour associer un sens à l’unité en question, dans le cas échéant, il soit procéder à une recherche documentaire et éventuellement terminologique (Cf. Infra : 3. Les types de recherche en Traduction) pour acquérir les informations permettant la saisie du sens de l’unité. Une fois l’hypothèse de sens confirmée, il peut passer à l’unité suivante. Dans la restitution de l’unité en langue d’arrivée, le traducteur doit l’affranchir des signes linguistiques de la langue A pour lui associer d’autres signes appartenant à la langue B. Cela se fait dans le cadre de la déverbalisation.

e. La déverbalisation :

Selon Seleskovitch, « l'opération traduisante comprend trois temps – compréhension du discours original, déverbalisation des unités de sens, expression de ces unités dans un nouveau discours. »(9)La déverbalisation est donc la deuxième phase de la médiation interlinguistique. Ainsi, une fois que le traducteur a construit le sens du message à transmettre, il doit procéder à la déverbalisation qui est « la disparition de l'enveloppe linguistique dès le sens compris (dans ses dimensions notionnelles et émotionnelles) ; le sens devient averbal. »(10)Cela signifie que le traducteur doit conserver le sens qu’il dévêtit de toute forme linguistique et concrète pour n’en retenir que la substance abstraite. Ce sens-là sera restitué dans la langue d’arrivée en usant des codes appartenant à ce système langagier. Suivant Balliu, il existe deux types de déverbalisation :

« Le premier fait que le sens apparaît souvent d’emblée, spontanément, indépendamment des signes linguistiques qui le matérialisent ou parfois l’occultent ; le second est la déverbalisation telle que décrite par la théorie du sens de Paris, qui est une trace mnésique désambigüisée, débarrassée de sa gangue lexicale. »(11)

Nous comprenons alors que la déverbalisation renvoie à la fois au fait de dénuder le sens des mots permettant de le véhiculer, à la trace que les mots en question laissent dans notre esprit et qu’il est question de rendre dans la langue d’arrivée. 

Pour expliquer davantage le concept de « déverbalisation », référons nous aux propos d’EsmaeelFarnoud:

« Ce passage entre la première et la deuxième phase est considéré comme un moment de grande tension psychologique où le traducteur met en jeu l'alchimie mentale d'une dialectique mémorielle délicate, aux termes de laquelle il lui faut à la fois oublier les signifiants de la langue-source, les laisser tomber, et n'en retenir que les signifiés ou, plus précisément le sens du message, pour le réincarner dans les signifiants à venir de la langue-cible. »(12)

Il s’agit donc d’une opération d’interprétation par laquelle le traducteur déduit les signifiés apparents ou occultes d’un message, auxquels il associe d’autres signifiants puisés dans la langue cible.

D’un autre côté, la déverbalisation « ne doit pas dissuader le traducteur d’accorder de l’importance à la forme du texte source et à la manière par laquelle l'auteur a exprimé ses pensées et ses sentiments, car le style fait partie intégrante du sens du texte. »(13)En effet, tout texte est un fond et une forme, le fond étant les concepts abstraits auxquels les mots renvoient, et la forme étant les signes visibles qui permettent de les exprimer. Rendre ces concepts ne signifie donc pas négliger ce qui a justement permis de les véhiculer, surtout lorsqu’il s’agit d’un texte contenant des jeux de mots, comme celui proposé aux diplômés en Traduction, qui doivent impérativement respecter les choix de l’auteur dans l’écriture et qui, eux aussi, ont leur empreinte dans le message que ce dernier cherche à transmettre. D’autant que pour le texte en question, l’objet de l’écriture est la langue-même, au-delà de son rôle de moyen d’expression.

Une fois les signifiants assimilés, le sens saisi et la déverbalisation effectuée, vient l’acte de reformulation et de révision que l’on peut intégrer dans l’étape de traduction.

1.2. L’étape de traduction : cette étape va de la réexpression du sens/message (la reformulation) à la révision.

a. La reformulation :

Une fois le sens saisi et dévêtu des signes linguistiques de la langue de départ, arrive l’étape de la reformulation, autrement dit, la réexpression du sens, qui « consiste à reverbaliser les concepts en les revêtant de signifiants pris à une autre langue. »(14)Dans le même ouvrage Delisle précise que la reformulation « n’est pas un banal étiquetage de concepts. Elle est fondamentalement un acte d’intelligence, c’est-à-dire la mise en œuvre d’un ensemble « d’opérations vivantes et agissantes », même si l’on n’a pas conscience de chacune d’elles. »(15)La reformulation ne se limite donc pas à trouver un correspondant dans le glossaire de la langue cible pour les concepts à transférer, elle est aussi un processus intellectuel nécessitant de nombreuses opérations et procédures, dont une exploration analogique des ressources de la langue d’arrivée afin de découvrir des signes linguistiques correspondants à ces idées/concepts. Cela s’effectue par une recherche dans la mémoire encyclopédique de ce qui peut être utilisé pour exprimer l'idée en envisageant toutes les probabilités possibles, pour ensuite les exclure une à une jusqu'à trouver celle étant la plus appropriée et qui deviendra alors l'expression adéquate.

Il est à noter que dans l’étape de reformulation, « le traducteur procède à la rédaction de ce qu’il a compris du texte écrit dans la langue source en utilisant la langue cible, en dehors de la forme et de la structure du texte, car son souci n’est pas de savoir s'il peut ou doit employer un adjectif dans la langue d’arrivée comme équivalent d’un adverbe dans la langue de départ, mais sa principale préoccupation est de formuler le sens du texte original en respectant les utilisations de la langue cible. »(16)Ce que Durieux exprime ici ne contredit aucunement le respect de la forme du texte de départ, mais appelle au respect du génie de la langue d’arrivée, dans le sens où une phrase ne commence pas toujours par un sujet dans toutes les langues, et une langue peut être plus concise que d’autres, et une autre préfère la voix passive à la voix active …etc.

La reformulation est également l’étape où le traducteur fait des choix. En effet, le traducteur « doit prendre une option fondamentale (décision de principe) et de nombreuses options ponctuelles. »(17)Reiss explique dans le même ouvrage que « l’option fondamentale consiste, pour le traducteur, à choisir la stratégie qu’il appliquera à l’ensemble du texte sur lequel il travaille. »(18)Entre autres choses, l’auteure s’interroge en premier lieu sur la nature de la traduction : est-elle communicative, philologique ou documentaire ? Puis sur les choix que le traducteur doit effectuer sur cette base, c’est-à-dire, doit-il adapter le texte ? Ou bien doit-il communiquer avec ses lecteurs de langue cible de la même manière que l’auteur de la langue source le fait avec ses lecteurs de langue source ?…etc. Puis elle décrit les décisions ponctuelles en expliquant que « elles ont pour objet de lever les barrières linguistiques qui séparent l’auteur du texte-source et son public de langue-cible. »(19), en ajoutant que ces décisions sont nécessaires dans la mesure où il est très rare que deux langues fournissent des correspondances parfaites d’un point de vue lexical et syntaxique.

Notons ici que plus riches sont les connaissances linguistiques et extralinguistiques du traducteur, plus facile sera le travail de reformulation. Le cas échéant, le traducteur devra procéder à une recherche terminologique et documentaire qui demeure parfois indispensable dans les deux étapes de la traduction, à savoir : l’avant traduction et l’acte de traduction lui-même. Nous aborderons par la suite cette recherche et les outils nécessaires à sa mise en œuvre.

b. La révision :

Cette étape constitue la dernière étape du processus de traduction et a pour but de « vérifier l’exactitude de la solution (provisoire retenue). Cette vérification consiste à s’assurer que l’équivalent rend parfaitement tout le sens de l’énoncé initial. »(20)Mais la révision ne se limite pas au choix des équivalents et concerne aussi la qualité de la traduction d’un point de vue plus vaste. En effet, dans l’étape de la révision, le traducteur doit « vérifier que sa traduction ne comporte aucune omission et doit confirmer que les paramètres définis [terminologie, grammaire, lexique, style, particularités locales, mise en forme] ont été respectés. Il doit également effectuer les modifications nécessaires. »(21)Aucun élément du texte ne doit être écarté. La vérification se fait donc par voie de lecture unilingue et bilingue, linguistique et extralinguistique. Nous entendons par bilingue une lecture analogique entre le texte de départ et la traduction pour vérifier qu’il n’existe aucune omission ni faute de traduction d’un point de vue conceptuel (faux-sens, contresens, non-sens …etc.), et une lecture unilingue qui se focalise sur la traduction elle-même pour s’assurer de l’absence de toute faute quelle qu’en soit sa nature. Par ailleurs, nous désignons par linguistique : s’assurer du choix des équivalents employés par exemple, et par extralinguistiques : s’assurer de la correspondance des idées/concepts dans les deux langues.

Dans ce qui suit, nous abordons justement les éventuelles erreurs de traduction qui peuvent résulter soit d’une compréhension défectueuse du texte source, soit d’un défaut de transfert vers la langue d’arrivée.  

2. Les erreurs de traduction :

Gouadecdéfinit trois types de fautes de traduction : le non-sens, le contresens et le faux-sens. Il explique que le non-sens est le résultat d’une incompréhension totale ou partielle du texte source suite à la non-saisie des significations et des lacunes de grammaire. Le contresens est selon lui le fait « d’attribuer à un mot une signification qui n’est pas la sienne » ou« une valeur déterminée par l’ordre des mots ne correspondant pas à sa place ». Quant au faux-sens, il naît, selon lui, d’une « appréciation défectueuse de l’effet de sens particulier du mot dans telle situation, ou de la modification de l’ordre des mots. »(22)Daniel Gile, quant à lui, avance qu’il existe des fautes de compréhension et d’autres dans la restitution, les fautes de compréhension relèvent, selon lui, d’un « fonctionnement inefficace du test de plausibilité », la « plausibilité » concernant bien évidemment l’hypothèse de sens. Il renvoie l’origine de cet échec à des lacunes linguistiques et extralinguistiques qui peuvent être comblées par la recherche documentaire. Les fautes dans la restitution « impliquent une faiblesse du test de fidélité ou d’acceptabilité », qui est due, toujours selon lui, à « une insuffisance de la base de connaissances, essentiellement dans sa partie linguistique, et d’une faiblesse dans l’apport complémentaire de la recherche documentaire. »(23)    

3. Les types de recherche en traduction :

3.1. La recherche terminologique :

La recherche terminologique s’opère à la saisie du sens et des signifiés, mais aussi lors de la restitution du message du texte source. Elle s’effectue par le recours à des outils d’aide à la traduction (que nous aborderons par la suite dans : 4. Les outils d’aides à la traduction), tels que les dictionnaires et les bases de données terminologiques, et elle est indispensable dans le processus de traduction notamment lorsqu’il s’agit de textes spécialisés. Lors de la phase de la compréhension, il est nécessaire pour le traducteur d’utiliser des dictionnaires unilingues pour assimiler la signification du mot afin de parvenir à la saisie du sens, selon le contexte, le domaine du texte et les suggestions contenues dans le glossaire. Par ailleurs, au cours de la phase de reformulation, le traducteur peut utiliser des dictionnaires ou bases de données bilingues, voire trilingues, pour trouver des correspondances aux mots ou termes du texte source, mais ce dernier ne doit pas voir en toutes ces correspondances des suggestions de traduction, car certaines ne conviendraient pas au contexte ou au champ sémantique du texte de départ. Il lui appartient donc de procéder à une sélection réfléchie et précise du mot qui rendra à la fois l’idée mais aussi la technicité voulue par le mot du texte source. Cela est sans doute l’une des raisons qui font que la machine est encore incapable de produire des traductions de qualité égale voire supérieure à celles rédigées par l’Homme, car ce dernier a l’avantage et la faculté d’aller au-delà des mots afin de parvenir au vouloir dire de l’auteur, à son style et voire même à ses sentiments. Cette capacité reste à ce jour inégalée et demeure inaccessible pour les logiciels de traduction. C’est pourquoi nous jugeons qu’il est plus juste de parler de logiciels d’aide à la traduction ou de traduction assistée par ordinateur que de logiciels de traduction à proprement parler.

De ce qui précède, nous constatons que dans l’enseignement de la traduction, il est important d’expliquer aux apprenants-traducteurs comment utiliser les dictionnaires, comment les sélectionner, et même leur en conseiller quelques-uns, surtout ceux spécialisés, car il est à préciser que le dictionnaire du traducteur n’est pas le dictionnaire de poche qui fournit une explication générale et simple du mot, mais un dictionnaire bien plus exhaustif. Notons également que les dictionnaires ne sont pas les seuls outils terminologiques, les bases de données et les textes parallèles le sont également, tels que nous le verrons dans la section qui aborde les outils du traducteur. Nous indiquons également qu’il est possible de passer par une langue intermédiaire lorsqu’il est impossible de trouver une explication directe du mot ou un équivalent exact.

3.2. La recherche documentaire :

La recherche documentaire s’opère elle aussi durant toutes les étapes de la traduction, et ce, même avant tout acte traductif, car le traducteur doit sans cesse essayer d’enrichir ses connaissances dans différents domaines, notamment en l’absence d’une spécialisation. En effet, le bagage cognitif du traducteur se constitue de cette façon, c’est-à-dire, par la documentation lue, vue ou écoutée, à la fois dans la langue source et la langue cible. Il est indéniable que plus riche est la culture du traducteur dans un domaine précis, plus facilement il pourra aborder les textes à traduire relevant du domaine en question. La documentation dans les deux langues de travail permet ainsi de comprendre des concepts dans la langue de départ et de connaître leurs correspondances dans la langue d’arrivée. Pour exemple, un traducteur juridique aura besoin de compétences en Droit en plus de celles en langues. Il pourra acquérir ces compétences par la consultation de Codes divers et variés (code de la famille, code civil, CPCA…etc.), et de préférence bilingues s’ils en existent. Le but étant d'enrichir ses connaissances linguistiques et d'apprendre la terminologie propre à ce domaine spécifique, puisque la langue de spécialité est bien évidemment différente de la langue commune, mais aussi de maîtriser les articles et dispositions contenus dans les Codes en question, le tout afin de parvenir à une meilleure compréhension et à un transfert de qualité du texte à traduire. Dans ce contexte, Daniel Gile explique que le traducteur utilise « des outils extérieurs au texte à traduire pour acquérir les connaissances lui permettant de parvenir au niveau de compréhension requis du texte de départ et de réexprimer de manière adéquate le contenu de ce texte en langue d’arrivée. »(24)Cela confirme l’importance de la documentation continue et en situation dans le processus de traduction.

En ce qui concerne la recherche documentaire lors de la traduction, elle est basée sur le texte à traduire et le domaine auquel il appartient. A la lecture d’un document, le traducteur peut se retrouver devant des difficultés associées aux concepts qui y sont abordés, il doit alors se constituer une idée de ce qu'il faut rechercher. Aussi riches que puissent se révéler ses connaissances extralinguistiques, il ne peut maîtriser tous les domaines et concepts thématiques, et c’est alors que la recherche documentaire s’impose. Parfois il devient même impossible au traducteur de poursuivre son travail s’il ne remédie pas à cette lacune (manque de connaissances extralinguistiques). Diverses solutions s’offrent alors à lui, soit en effectuant une recherche dans des livres, soit virtuellement via Internet, soit encore en faisant appel à des spécialistes, des experts dans le domaine en question (un avocat pour les textes juridiques, un médecin pour les textes médicaux…etc.).

A cet effet, Durieux dit:

« Plus pauvres sont les informations qu’il possède (le traducteur), plus large et approfondie doit être la recherche. Nous entendons par « large » ; couvrir les divers aspects de la question, sinon leur totalité, et par « approfondie » ; permettre d’assurer une vraie compréhension. La recherche documentaire superficielle, quant à elle, comporte le risque de tomber dans la confusion et d’engendrer des interprétations erronées. »(25)4

Pour parvenir à ce qui est décrit ci-dessus, le traducteur peut également recourir aux textes parallèles, concept que nous allons expliciter ci-dessous.

- Les textes parallèles :

La consultation de textes parallèles s’avère parfois indispensable dans l’étape de la compréhension, mais aussi de la reformulation, c’est pourquoi, nous allons expliquer l’importance de ces textes dans ces deux étapes. Cependant, il est d’abord essentiel de définir ce que sont ces textes. Les textes parallèles sont des textes qui appartiennent au même genre que celui du texte à traduire et abordent le même thème. Si le texte de départ parle par exemple de la «crise financière mondiale», le traducteur se doit de consulter des textes qui traitent le même sujet aussi bien dans la langue source que dans la langue cible. Lire des documents dans la langue A permet d’enrichir les connaissances du traducteur sur un sujet précis, notamment si elles sont pauvres voire absentes, parce qu’ils peuvent contenir les mêmes informations que dans le texte à traduire, mais formulées dans un style plus clair, moins complexe. Ainsi, nous soulignons l’importance des textes parallèles dans la compréhension du texte et l’enrichissement des connaissances linguistiques et extralinguistiques du traducteur. S’agissant de la lecture dans la langue B, elle permet au traducteur d’avoir les mêmes concepts dans les deux langues. Elle l’aide également dans la recherche d’équivalents dans cette langue, car les dictionnaires ne sont pas les seuls outils qui suggèrent la terminologie, cette dernière est parfois disponible dans des textes et des contextes et ce dans une version non isolée contrairement à un glossaire.

Pour trouver des textes parallèles, le traducteur peut effectuer des recherches dans des livres, des articles ou sur Internet ... etc., mais il peut aussi les consulter dans des bases de données en ligne (comme Linguee). Il peut aussi créer sa propre base de données constituée d’archives de textes qu’il a déjà traduits en conservant le texte original et sa traduction. De ce fait, s’il s’agit d’un traducteur officiel et qu’il a par le passé traduit des expertises médicales, il pourra chercher dans son archive des expertises dressées par le même médecin ou abordant le même trouble ou la même maladie. Cela lui permettra ainsi d’utiliser son ancienne traduction comme modèle qu’il modifiera au fur et à mesure en référence à l’original. Ce type d’archive est donc utile dans la compréhension et dans la reformulation, et permet au traducteur de gagner du temps et d’économiser ses efforts en évitant une nouvelle recherche documentaire ou thématique et même terminologique.

4. Les outils d’aides à la traduction :

Nous avons cité plus haut certains outils d’aide à la traduction indispensables au traducteur, car tout traducteur se doit de posséder ce que l’on appelle en Anglais « a translator's workstation », que l’on peut traduire en Français par « un poste de travail du traducteur ». Cette expression désigne tous les outils qui peuvent faciliter son travail, notamment les outils informatiques, car avec tous les progrès effectués dans ce domaine et dans l’intelligence artificielle, les gens ont plus tendance à utiliser l’ordinateur (PC, notebook, tablette…etc.) pour effectuer leur travail quel que soit le domaine d’activité. Le traducteur ne fait pas l’exception et lui aussi a remplacé le papier, le stylo et parfois même les dictionnaires papiers, par des logiciels (d’aide à la traduction, de recherche, de rédaction ou de révision…etc.) ou la consultation de sites internet.

a. Dictionnaires et glossaires:

Il est évident que le dictionnaire est l’un des outils les plus pertinents utilisés par le traducteur, mais ce dernier peut être également son pire ennemi s’il ne l’utilise pas à bon escient ou s’il ne sait pas choisir ceux capables de l’aider au mieux dans son travail. Il ne faut également pas oublier que chaque année de nouvelles éditions paraissent, il doit alors mettre à jour les dictionnaires dont il dispose, d’autant plus qu’avec l’avènement d’Internet, il est désormais possible de télécharger des dictionnaires, voire de les consulter en ligne pour certains, il n’y a donc plus qu’à les ajouter aux sites favoris pour les consulter dès que nécessaire. Au fil des ans, ceci a vraiment facilité le travail du traducteur qui n’a plus besoin de consacrer un budget aussi conséquent à l’achat de dictionnaires, ni leur consacrer un lieu où les y disposer. Nous avons aussi évoqué la diversité de qualité des dictionnaires utilisés : ceux choisis doivent être pertinents. Le traducteur doit sélectionner des dictionnaires et encyclopédies exhaustifs qui définissent chaque mot dans ses moindres détails et dans ses diverses utilisations, car il a besoin d’avoir tous les éléments à sa disposition pour pouvoir les associer à ses connaissances préalables, le tout pour arriver à saisir le sens du mot dans le texte, surtout lorsqu’il s’agit d’un terme, c’est-à-dire, un mot associé à un domaine précis donc plus technique. Cela peut concerner un mot générique qui peut devenir spécifique dans un domaine précis, ou un mot relevant exclusivement d’une spécialité bien précise. Le traducteur doit sélectionner des dictionnaires de spécialité pour la terminologie des textes à traduire, ainsi s’il traduit un texte médical, il se réfère à un dictionnaire médical, d’autant qu’il existe maintenant des dictionnaires qui se spécialisent au sein d’une même discipline, donc en parlant de médecine, nous avons maintenant des glossaires des termes bucco-dentaires, de chirurgie orthopédique…etc., qui sont unilingues, bilingues et même trilingues. Dans ce contexte, nous rappelons que le traducteur doit parfois passer par une langue intermédiaire afin de comprendre le sens d’un terme et même pour lui trouver un équivalent, car parfois il doit traduire par exemple du Français vers l’Arabe mais ne trouve pas le terme dans un dictionnaire Français ou dans un glossaire Français-Arabe, rien ne l’empêche de passer par l’Anglais comme langue intermédiaire. Pour l’utilisation des dictionnaires dans le choix des équivalents ou des correspondances, il est important de dire que le choix doit être fait après étude et recherche. Le traducteur ne doit pas choisir les mots aléatoirement ou par dépit. La sélection doit se faire selon des critères précis, notamment le contexte, le domaine, l’exactitude, l’utilisation…etc.   

b. Traduction automatique et TAO:

La traduction automatique désigne les logiciels qui aident le traducteur dans son travail sans pour autant le remplacer. Bien que leur conception ait pour objectif avoué d’être aussi efficaces que lui, il leur demeure encore impossible de satisfaire cette ambition, et ce, pour les raisons évoquées plus haut. Néanmoins, en permettant de supprimer certaines étapes et recherches, ils peuvent faciliter le processus de traduction et faire aussi gagner du temps. Mais il n’en demeure pas moins qu’afin d’obtenir des traductions dignes de ce nom, l'intervention de l’Homme reste un impératif. A cet effet, Hosameldin Mustafa dit que « Lorsque la traduction automatique, les mémoires de traduction, et l’Homme interviennent ensemble, il est possible d’obtenir une traduction de bonne qualité, tout en économisant une moyenne d’environ 30% dans le coût, le temps et l'effort »(26)5. Cela confirme donc l’idée que des outils efficaces associés à l’effort de l’Homme permettent d’obtenir un travail de qualité doublé d’un gain de temps optimal.

Outre les logiciels de traduction automatique conçus pour réaliser une traduction complète et finale et, de ce fait, censés remplacer le traducteur humain, il existe des outils d’aide à la traduction, la traduction devient ainsi « assistée par ordinateur », abrégée par TAO. Voici une définition de la TAO :

« […] la TAO regroupe par conséquent l’ensemble des logiciels dont est amené à se servir le traducteur qui traduit à l’aide d’un ordinateur, quel que soit le degré de spécialisation desdits logiciels. À ce titre, les mémoires de traduction, les moteurs de traduction automatique, les bases terminologiques, les concordanciers et les extracteurs de terminologie font bien évidemment partie intégrante de cette définition […]. Mais c’est également le cas des logiciels informatiques généraux, d’usage quotidien utilisés par n’importe quel rédacteur, à savoir : les outils de traitement de texte, les navigateurs web et, éventuellement, les logiciels de reconnaissance vocale. »(27)

     Nous comprenons de cette définition que tous les outils informatiques et électroniques à même d’aider le traducteur dans son travail peuvent être intégrés dans cette catégorie, soit la TAO.

c. Livres et articles :

Nous avons dit précédemment que le traducteur doit sans cesse chercher à enrichir et à diversifier ses connaissances par la lecture et la documentation, ce qui peut être réalisé grâce aux livres et articles, papiers ou numériques, qu’ils soient d’ordre général ou relevant d’une spécialité bien déterminée, que ce soit avant l’acte traductif (dans le cadre d’une préparation à un éventuel travail de traduction) ou pendant le processus de traduction. L’importance du livre pour le traducteur est la même que pour tous les autres professionnels, mais aussi toute personne souhaitant acquérir des informations dans un domaine déterminé, à savoir enrichir sa culture générale, se constituer un contexte socio-culturel auquel on fait appel pour discuter d’un thème d’une manière générale, comprendre un texte, ou le transposer dans une langue B (pour ce qui est du traducteur, qu’il soit professionnel ou amateur).

5. Difficultés liées à la traduction chez les apprenants-traducteurs:

Il existe plusieurs facteurs qui peuvent être à l’origine des problèmes de compréhension en traduction et, par conséquent, l'incapacité de traduire le texte source ou le faire d’une manière incorrecte avec un bon nombre d’erreurs. Daniel Gile parle de « faiblesse des connaissances », « faiblesse dans la méthode », et « faiblesse de la motivation »(28)Pour la première, il s’agit bien évidemment de lacunes dans les connaissances préexistantes de l’apprenant, qu’elles soient linguistiques ou extralinguistiques. Il lui appartient ici d’essayer de combler ses lacunes par la recherche (terminologique et documentaire), car pour pouvoir suivre une formation en Traduction, certaines compétences doivent être présentes dans le profil du futur traducteur. Il doit, par ailleurs, maîtriser la langue de départ de manière à pouvoir comprendre le texte source et à dégager son/ses message(s), maîtriser la langue d’arrivée de façon à pouvoir rédiger un texte sans fautes et compréhensible par le lecteur, mais aussi être familiarisé avec les sujets d’actualité et avoir une bonne culture générale (en sus d’autres compétences telles qu’une bonne maîtrise des outils d’aide à la traduction). La formation permettra de mettre en pratique ces compétences, d’exercer la traduction pour acquérir un savoir-faire dans cette discipline, d’apprendre de ses erreurs, d’acquérir un cadre théorique auquel il faut se référer pour une bonne compréhension et une meilleure maîtrise du métier. Quant à la faiblesse dans la méthode, elle concerne la didactique de la Traduction. Dans ce cas de figure, il est important de revoir la méthode appliquée dans l’enseignement de la traduction en se basant sur l’identification des fautes de traduction et leurs origines éventuelles. Il est à noter que la formation doit expliquer chacune des étapes du processus de traduction, puis comment les mettre en pratique tout en détaillant les outils à utiliser. Aussi, un équilibre entre le cadre théorique et la pratique doit être étudié et réalisé, car il existe une relation de dépendance entre ces deux aspects de la discipline. Enfin, et en ce qui concerne la faiblesse de la motivation, Daniel Gile suggère deux méthodes pour y remédier. La première est « la sensibilisation », qui « consiste à montrer aux étudiants en quoi une faute ou maladresse du type engendré par une motivation insuffisante est nuisible à la communication. Il s’agit essentiellement de la création de situations où les étudiants deviennent eux-mêmes lecteurs, réviseurs ou utilisateurs d’une traduction et se sensibilisent donc à tous ces défauts sans être eux-mêmes en position défensive. »(29) L’enseignant doit alors mettre l’accent sur la faute et les conséquences qu’elle peut engendrer dans la compréhension chez le lecteur. De plus, l’étudiant doit occuper toutes les places dans le processus de communication pour saisir l’importance de la faute commise. La seconde méthode est « la pression par les notes », c’est-à-dire, « plutôt que d’attribuer une note globale à chaque exercice de traduction, l’enseignant note explicitement des composantes distinctes de l’opération »(30). Cela signifie qu’au lieu d’évaluer la qualité du résultat dans son intégralité, l’enseignant met l’accent sur la qualité linguistique du texte, sa clarté et sa fidélité s’il veut évaluer la qualité rédactionnelle de la traduction.

D’autres facteurs peuvent être aussi à l’origine des fautes de traduction, tels que : défaut dans la lecture du texte source, mauvaise qualité de ce dernier, complexité du sujet traité, style de l’auteur…etc.

Afin de démontrer l’importance de l’étape pré-traduction, notamment de la compréhension, nous avons choisi un texte que nous avons soumis à la traduction de vingt diplômés en Traduction en nous posant les questions qui suivent. Comment procèdent-ils à la traduction du texte ? Respectent-ils toutes les étapes ? Utilisent-ils les outils adéquats ? Mettent-ils en pratique les connaissances acquises pendant le cursus ? Et surtout réussissent-ils à traduire le document dans son intégralité en respectant à la fois le contenu du texte source et le style de l’auteur ? Le texte a été joint d’un questionnaire conçu en vue d’obtenir des réponses précises aux questions sus-énoncées. Ce questionnaire contient trois volets, un volet concernant le profil socio-culturel des participants, un autre portant sur la traduction du texte, puis un dernier se concentrant sur les outils utilisés et les recherches effectuées.

Les tableaux suivants résument certaines réponses que nous avons reçues.6

Tableau 1 : Sur la traduction du texte.

Intitulés des questions

Fréquences & pourcentages

Oui

Non

Moyennement/

Occasionnellement

PDR7

Total

Pensez-vous être parvenu à traduire le texte ?

Fréquence

5

10

5

/

20

Pourcentage

25,0

50,0

25,0

/

100,0

Etes-vous satisfait de votre traduction ?

Fréquence

4

12

4

/

20

Pourcentage

20,0

60,0

20,0

/

100,0

Avez-vous réussi à traduire le texte dans son intégralité ?

Fréquence

8

12

/

/

20

Pourcentage

40,0

60,0

/

/

100,0

Avez-vous lu le texte ?

Fréquence

20

0,0

/

/

20

Pourcentage

100,0

0,0

/

/

100,0

L’avez-vous lu en entier ?

Pourcentage

20

0,0

/

/

20

Fréquence

100,0

/

/

/

100,0

L’avez-vous compris ?

Fréquence

6

8

6

 

20

Pourcentage

30,0

40,0

30,0

/

100,0

L’avez-vous découpé en unités de traduction ?

Fréquence

8

12

/

/

20

Pourcentage

40,0

60,0

/

/

100,0

Existe-t-il des passages qui vous ont posé problème ?

Fréquence

19

1

/

/

20

Pourcentage

95,0

5,0

/

/

100,0

Ce tableau nous montre que plus de la moitié des participants ne pense pas être parvenue à traduire le texte, ni n’est satisfaite de sa traduction, ni n’a réussi à traduire le texte dans son intégralité. Ces résultats nous conduisent à nous poser des questions sur les raisons à l’origine de cet échec. Est-il dû à un problème de compréhension ou de reformulation ? Les résultats dévoilent que la totalité des participants ont lu le texte, la majorité dit l’avoir lu de 1à 5fois (65%), 15% de 6à 10fois, 5% de 16à 20fois, et 15% l’a lu plus de 20fois. Parmi les 20% qui ont déclaré l’avoir lu plus de 16fois (soit 4personnes), 2personnes ont déclaré ne pas l’avoir compris, et 2personnes ont dit l’avoir moyennement compris. Ces résultats nous poussent à croire qu’il y a peut-être eu des problèmes dans la lecture qui ne s’est pas faite comme elle aurait dû l’être, c’est-à-dire, en profondeur, car comme nous l’avons précédemment dit, la lecture est une étape clé dans le processus de traduction. Elle doit être exécutée de manière à pouvoir dégager le sens de ce qui a été lu, qu’il soit implicite ou explicite, mais aussi de façon à extraire le dire et le vouloir-dire de l’auteur. D’autres facteurs sont peut-être à l’origine de l’échec dans la compréhension, probablement un problème dans la méthode adoptée. Tel que mentionné dans le tableau ci-dessus, nous avons demandé aux participants s’ils avaient découpé le texte en unités de traduction et plus de la moitié a répondu ne pas l’avoir fait, alors que nous avons souligné plus haut l’importance de cette étape, puisque c’est de cette manière que des hypothèses de sens peuvent être associées à chaque unité afin de parvenir à la compréhension du texte. A la question « existe-t-il des passages qui vous ont posé problème ? », la quasi-totalité des participants a répondu par « oui ». En prévision des réponses éventuelles à la question précédente, nous avions sélectionné 10phrases du texte qui, à notre sens, pouvaient se révéler difficiles à comprendre ou à transposer et avions demandé aux participants s’ils avaient pu les traduire, et le cas échéant, nous dire quelle avait été la nature de la difficulté : était-ce un défaut dans la compréhension ou un problème dans la reformulation ? Quelle avait été la solution adoptée ? Le tableau suivant résume leurs réponses.

Tableau 2 : Sur la traduction des phrases sélectionnées.

 

Etes-vous parvenus à la traduire ?

Nature de la difficulté

Oui

Non

PDR

Compréhension

Reformulation

Aucune

Les deux

PDR

Phrase 1

45

50

5

55

20

5

5

15

Phrase 2

55

40

5

45

25

5

5

20

Phrase 3

50

45

5

50

25

5

5

15

Phrase 4

40

55

5

55

30

/

5

10

Phrase 5

55

40

5

50

15

5

5

25

Phrase 6

55

40

5

55

15

5

5

20

Phrase 7

40

55

5

50

20

5

5

20

Phrase 8

35

65

/

45

15

5

10

25

Phrase 9

45

50

5

45

20

5

5

25

Phrase 10

35

65

/

55

10

5

15

15

 

En examinant ce tableau, nous constatons que pour chaque phrase, presque la moitié des participants répondent qu’ils n’ont pas pu traduire la phrase en question8, et plus de la moitié associe cet échec à un problème de compréhension. Nous leur avons alors demandé quelle avait été la solution adoptée pour y remédier et les réponses les plus fréquentes ont été « traduire le sens », « traduire mot à mot », ou « ne pas traduire (omission) ». Or, en ce qui concerne le texte choisi, rendre le sens uniquement ne suffit pas de par sa nature, car il s’agit d’un texte qui contient beaucoup de jeux de mots qui doivent être rendus eux aussi dans un souci de respect du style de l’auteur, lequel a délibérément choisi de recourir à ce type de jeux dans l’écriture de son texte pour qu’il soit atypique et ludique. Quant à la traduction « mot à mot », nous savons tous que le résultat de ce type de traduction laisse souvent à désirer, car il mène souvent à un faux sens voire à un non-sens. Et pour finir, ne pas traduire (omission) n’est sans doute pas une solution à laquelle le traducteur doit recourir face à une difficulté, car il sera souvent amené à rencontrer des obstacles dans son travail : des textes difficiles à comprendre et à traduire, une terminologie techniques et parfois difficile à rendre, un style ambigu ou original, un thème complexe…etc., l’omission n’est donc pas une solution à adopter face à la difficulté, car c’est une solution facile et inefficace puisque nous ne pouvons pas supprimer tous les passages ou les mots qui entravent notre travail. Il nous faut plutôt chercher le moyen d’y remédier. Pour le texte en question, le traducteur doit repérer le jeu de mots et cerner sa nature pour essayer de créer un jeu de mots similaire ou du moins de même nature dans le texte cible afin de respecter le choix de l’auteur du texte de départ.

Nous allons maintenant nous intéresser aux outils et recherches utilisés par les participants. Le tableau ci-dessous résume leurs réponses.

Tableau 3 : Sur les outils de traduction et les recherches pré-traduction

Intitulés des questions

Fréquences et pourcentages

Oui

Non

Moyennement/

Occasionnellement

PDR

Total

Avez-vous utilisé un ou des logiciel(s) de traduction ?

Fréquence

11

9

/

/

20

Pourcentage

55,0

45,0

/

/

100,0

L’avez-vous/les avez-vous utilisé(s) pour tout le texte ?

Fréquence

8

3

/

9

20

Pourcentage

40,0

15,0

/

45,0

100,0

Pensez-vous qu’il(s) vous a/ont été d’une grande utilité ?

Fréquence

4

6

2

8

20

Pourcentage

20,0

30,0

10,0

40,0

20,0

Avez-vous utilisé des dictionnaires ?

Fréquence

11

9

/

/

20

Pourcentage

55,0

45,0

/

/

100,0

Pensez-vous qu’ils vous ont été d’une grande utilité ?

Fréquence

2

7

2

9

20

Pourcentage

10,0

35,0

10,0

45,0

100,0

Avez-vous sollicité l’aide d’une tierce personne ?

Fréquence

5

15

/

/

20

Pourcentage

25,0

75,0

/

/

100,0

Si oui, s’agit-il d’un traducteur ?

Fréquence

5

15

/

/

20

Pourcentage

25,0

75,0

/

/

100,0

Pensez-vous que son aide vous été d’une grande utilité ?

Fréquence

5

15

/

/

20

Pourcentage

25,0

75,0

/

/

100,0

Avez-vous effectué des recherches sur internet ?

Fréquence

13

7

/

/

20

Pourcentage

65,0

35,0

/

/

100,0

Avez-vous fait des recherches sur l’auteur du texte ?

Fréquence

5

14

/

1

20

Pourcentage

25

70

/

5

100,00

Avez-vous lu d’autres textes du même auteur ?

Fréquence

1

19

/

/

20

Pourcentage

5,0

95,0

/

/

100,0

 

 

Nous remarquons que plus de la moitié des participants a utilisé un logiciel de traduction, et la majorité de ceux qui l’ont utilisé l’ont fait pour tout le texte. Nous constatons également que peu sont ceux qui disent qu’il a été d’une grande utilité. Comme nous l’avons mentionné plus haut, ces logiciels peuvent aider le traducteur dans son travail  à condition de ne pas en dépendre totalement, de savoir les utiliser, et de recourir également à d’autres moyens. Nous leur avons demandé aussi s’ils avaient utilisé des dictionnaires : un peu plus de la moitié l’a fait et seules 2personnes sur les 11qui l’ont fait disent qu’ils ont été d’une grande utilité. Le moins que l’on puisse dire ici est que le taux de satisfaction est très faible, ce qui nous amène à penser que les participants ne connaissent pas de bons dictionnaires, ne savent pas les utiliser, ou que tout simplement l’utilisation de dictionnaires pour ce type de textes est infructueuse. Donc outre le fait de savoir utiliser cet outil et sélectionner les dictionnaires adéquats, il faut aussi savoir déterminer quand on a besoin d’un dictionnaire pour accomplir notre travail et quand cet outil n’est pas indispensable, car comme nous l’avons précédemment mentionné, dépendamment de la nature du texte étudié, les dictionnaires ne sont pas les seuls outils dont dispose le traducteur. Par exemple, le traducteur a plus besoin de dictionnaires en présence d’un texte scientifique dont l’écriture dépend d’un sens à communiquer et des termes techniques employés pour arriver à cette fin, alors qu’un texte semblable à celui présenté aux participants dans cette étude ne requiert pas uniquement l’utilisation de dictionnaires, il fait avant tout appel aux connaissances extralinguistiques du traducteur, ou à défaut, à celles d’une tierce personne. Sur ce dernier point, seul un quart des participants a sollicité l’aide d’une tierce personne qu’ils ont dit être un traducteur, et ce quart s’est dit plutôt satisfaite de son aide.9Pour un tel texte, à la difficulté bien spécifique, l’aide d’une tierce personne peut s’avérer être indispensable en l’absence de connaissances linguistiques bien évidemment, mais extralinguistiques également pour comprendre le texte et le rendre dans la langue B. La personne en question ne doit pas forcément être un traducteur lorsqu’il s’agit de la compréhension du texte, mais plutôt une personne disposant de connaissances francophones (dans ce cas d’étude) permettant de combler les lacunes du traducteur. Pour rendre le texte dans la langue d’arrivée, il est vrai que l’étudiant a besoin de l’aide d’un traducteur pour savoir rendre le style du texte ou au moins l’aide d’une personne maîtrisant l’écriture et la rédaction dans la langue cible de façon à pouvoir utiliser la langue de façon stylistique, à la manière de l’auteur du texte source, car le but de ce texte n’est pas de transmettre un message précis, mais plutôt d’amuser le lecteur et de montrer la subtilité de la langue et comment les mots peuvent être assemblés afin de créer un texte ludique. D’autre part, les recherches internet s’avèrent importantes pour la compréhension et la traduction de ce texte, nous avons donc demandé aux participants s’ils avaient procédé à ce type de recherches, et plus de la moitié a répondu les avoir faites. Nous leur avons demandé de préciser la nature de ces recherches : 15% ont répondu « terminologique », 45% ont répondu « terminologique et documentaire », et 40% n’ont pas répondu à la question. Nous pensons qu’ici la recherche documentaire est plus importante que la recherche terminologique car le traducteur a besoin de connaissances bien spécifiques pour combler ses lacunes, et comme le texte en question contient des références à des personnalités (Claire Chazal, Sabine Paturel, Patrick Poivre d’Arvor, Plastic Bertrand…etc.) et à des chansons (Padam Padam, L’hymne à l’amour, La vie en rose, Les sunlights des tropiques…etc.), nous jugeons que la recherche terminologique ou l’utilisation de dictionnaire ne sont pas indispensables. Il faut aller au-delà des mots isolés pour comprendre non pas uniquement le sens du texte mais aussi le style atypique de l’auteur qui emploie des références culturelles francophones pour rédiger son texte, d’où l’importance des connaissances extralinguistiques. Nous comprenons de cela qu’avoir des informations sur l’auteur pourrait ici aider à cerner son style d’écriture, ce qui témoigne de l’importance de faire des recherches sur lui. Pourtant, seuls 25% des participants ont adopté cette démarche, et une personne seulement a lu d’autres textes du même auteur. Or, comme nous l’avons précisé plus haut, pour comprendre et traduire ce texte, nous avons moins besoin de recourir à un logiciel de traduction ou à des dictionnaires, quels qu’ils soient, qu’à recourir à l’aide d’une tierce personne, ou à faire des recherches documentaires, notamment sur l’auteur du texte, y compris par la lecture d’autres de ses écrits, afin de définir son style et ce qui le caractérise le plus, comme ici l’utilisation du jeu de mots en tant que méthode d’écriture.

Pour finir, nous allons maintenant nous intéresser aux connaissances des participants et à leur environnement socio-culturel à travers les réponses résumées dans le tableau qui suit : 

Tableau 4 : Sur les données socio-culturelles des participants

Intitulés des questions

Fréquences et pourcentages

Oui

Non

Moyennement/

Occasionnellement

PDR

Total

Avez-vous une bonne maîtrise de la langue française ?

Fréquence

6

1

13

/

20

Pourcentage

30,0

5,0

65,0

/

100,0

Avez-vous une bonne maîtrise de la langue arabe ?

Fréquence

8

1

11

/

20

Pourcentage

40,0

5,0

55,0

/

100,0

Etes-vous issu d’un milieu francophone ?

Fréquence

10

9

1

/

20

Pourcentage

50,0

45,0

5,0

/

100,0

Avez-vous déjà voyagé dans un pays francophone ?

Fréquence

4

16

/

 

20

Pourcentage

20,00

80,0

/

 

100,0

Avez-vous des contacts réguliers avec des résidents d’un pays francophone ?

Fréquence

15

3

2

/

20

Pourcentage

75,0

15,0

10,0

/

100,0

Si oui, avez-vous des échanges d’ordre culturel avec ces personnes ?

Fréquence

5

10

2

3

20

Pourcentage

25,0

50,0

10,0

15,0

100,0

Pensez-vous avoir une connaissance enrichie de la culture francophone ?

Fréquence

2

14

4

/

20

Pourcentage

10,0

70,0

20,0

/

100,0

Ecoutez-vous des chansons en langue française ?

Fréquence

14

6

/

/

20

Pourcentage

70,0

30,0

/

/

100,0

Regardez-vous la télévision francophone ?

Fréquence

13

6

1

/

20

Pourcentage

65,0

30,0

5,0

/

100,0

Si oui, regardez-vous des programmes culturels ?

Fréquence

9

8

2

1

20

Pourcentage

45,0

40,0

10,0

5,0

100,0

Si oui, regardez-vous des programmes de divertissement ?

Fréquence

13

5

1

1

20

Pourcentage

65,0

25,0

5,0

5,0

100,0

Nous déduisons de ce tableau que seules 6personnes sur 20pensent avoir une bonne maîtrise de la langue française, et seules 8personnes sur 20pensent avoir une bonne maîtrise de la langue arabe. Or, la maîtrise des deux langues de travail est une compétence indispensable à l’apprenant-traducteur. Nous constatons alors que l’une des raisons ayant empêché les participants de comprendre et de traduire le texte est liée à leurs lacunes en matière de langue.10Par ailleurs, la moitié d’entre eux est issue d’un milieu francophone, ce qui normalement facilite l’acquisition de la langue française et permet de créer dans cette langue une culture enrichie par la lecture, la télévision et le voyage. Cependant, seules 4personnes sur 20ont déjà voyagé dans un pays francophone, alors que les voyages permettent de s’imprégner un peu plus de la culture d’autrui, puisque l’individu l’expérimente, la partage et en fait même partie, au lieu de seulement la lire ou la regarder à la télévision ou sur Internet (la réalité remplace le virtuel). En l’absence de ce facteur, il reste possible d’échanger avec une/des personne(s) résidant dans un pays francophone, seulement, des 15personnes qui disent avoir un contact régulier avec des résidents d’un pays francophone, seules 5personnes ont des échanges d’ordre culturel avec eux, ce qui constitue un taux très faible si l’on considère l’importance de ce type d’échanges pour les traducteurs qui n’ont malheureusement pas eu l’occasion de voyager dans ces pays afin d’enrichir leurs connaissances linguistiques et extralinguistiques indispensables à leur formation et à leur travail. D’ailleurs, seules 2personnes sur 20pensent avoir une connaissance enrichie de la culture francophone, alors que traduire un texte c’est aussi traduire l’identité et la culture de l’autre lorsqu’il s’agit d’un texte du même genre abordé dans cette recherche, car la traduction est aussi un acte ethnographique qui permet de faire connaître l’autre et son environnement, le traducteur devient ainsi un interprète culturel. En l’absence de séjour(s) dans des pays francophones, nous avons demandé aux participants si, pour compléter leurs connaissances, ils écoutaient des chansons francophones et s’ils regardaient la télévision francophone. Nous avons constaté que bien plus de la moitié le fait, un peu moins de la moitié regarde des programmes culturels, et un peu plus de la moitié regarde des programmes de divertissement. Cependant, il est vrai que les chansons et personnalités mentionnées dans le texte ne sont pas de notoriété contemporaine, ce qui peut poser problème à la génération à laquelle appartiennent les participants, mais il n’en demeure pas moins que ces chansons ont marqué la variété francophone et font partie de son patrimoine, et que ces personnalités ont marqué la télévision francophone et ont longtemps fait partie du paysage médiatique de ces pays. Par conséquent, une recherche pertinente ou l’aide d’une personne, dont un membre de la famille, auraient pu les aider dans leur travail, notamment pour la moitié des participants qui a dit être issue d’un milieu francophone. 

Conclusion

Cette étude nous a permis de faire des constats concernant les connaissances des participants, leurs méthodes de travail, et les outils employés. Nous avons remarqué que les compétences requises chez tout traducteur (ou apprenant-traducteur) sont absentes chez certains, notamment l’indispensable maîtrise des langues ou les connaissances culturelles car, entre autres, ils n’ont pas eu l’occasion de voyager dans des pays francophones pour un apprentissage plus optimal de la langue, et pour mieux s’imprégner de leur culture en la vivant dans son milieu naturel. Néanmoins, ils n’essaient pas d’y remédier par les moyens qu’ils ont à leur disposition, non seulement les nouvelles technologies, mais aussi les outils plus classiques comme les livres ou la télévision. Nous remarquons également que les participants ne disposent pas de la méthodologie adéquate pour traduire ce genre de texte, car ici la recherche terminologique par le biais de dictionnaires n’est pas fructueuse, les logiciels de traduction non plus n’aident pas vraiment les traducteurs à rendre ce texte construit à base de références culturelles sous forme de jeux de mots qui, pour la plupart, renvoient à des personnalités ou à des chansons francophones. Aussi, ils (les participants) ne procèdent pas aux recherches nécessaires, à savoir ici la recherche documentaire et la recherche sur l’auteur du texte, la première pour comprendre le texte, et la seconde pour définir le style de l’écrivain. Ce type de recherche peut se faire sur Internet par exemple ou en faisant appel à une personne qui ne doit pas nécessairement être un traducteur, mais tout du moins une personne disposant de connaissances linguistiques et extralinguistiques permettant au participant de combler ses éventuelles lacunes quant aux références culturelles mentionnées dans le texte source.

     Par ailleurs, l’origine de ces problèmes peut être associée à d’autres faiblesses chez les participants auxquelles ils doivent remédier, et à un déséquilibre dans la formation de ces derniers pour lequel nous recommandons aux enseignants de focaliser leur enseignement sur chaque étape du processus de traduction.

Bibliographie :

(1)PLASSARD, Freddie: Lire pour traduire, Paris : Presses Sorbonne nouvelle, 2008, p. 90.

(2)DELISLE, Jean et LEE-JAHNKE, Hannelore: Enseignement de la traduction et traduction dans l’enseignement, Ottawa, Ont. : Presses de l’Université d’Ottawa, 1998, p.28.

(3)DELISLE, Jean: L’analyse du discours comme méthode de traduction : initiation à la traduction française de textes pragmatiques anglais : théorie et pratique, Edition de l’Université d’Ottawa, 1984, p.72.

(4)مصطلحات تعليم الترجمة، تحت إدارة جان دوليل وآخرون، ترجمة وأقلمة جينا أبو فاضل وآخرون، سلسلة المصدر الهدف، لبنان، 2002، ص. 62.

(5)GOUADEC, Daniel: Comprendre et traduire : Principes et méthode de la version anglaise suivis de 4textes d’application commentés et de 31texte à traduire, Volume 28de Bordas études : Section Anglais, 1974, p.18.

(6)VINAY, Jean-Paul et DARBELNET, Jean: Stylistique comparée du français et de l’anglais. Méthode de traduction. Paris, Didier, 1958, p.38.

(7)LEDERER, Marianne: La traduction aujourd’hui : le modèle interprétatif, Hachette, 1994, p.27.

(8)GILE, Daniel: Les fautes de traduction, une analyse pédagogique, Meta 372(1992) : 251-262, consulté le 25août 2017. URL: https://www.erudit.org/fr/revues/meta/1992-v37-n2-meta336/002907ar/

(9)SELESKOVITCH, Danica: Traduire, de l’expérience aux concepts, Études de Linguistique Appliquée, no 24, Paris, Didier, 1976, p.118.

(10)LEDERER, Marianne : Interpréter pour traduire, de Danica Seleskovitch et Marianne Lederer, nouvelle édition dans la collection Traductologiques, chez les Belles Lettres, 2015, Revue du Centre de recherche de l’ISIT, Bulletin n°14, décembre 2015, consulté le 07août 2017. URL: http://www.lebulletinducratil.fr/index.php

(11)BALLIU, Christian: Cognition et déverbalisation, Meta [En ligne], Volume 52, Numéro 1, mars 2007, consulté le 07août 2017. URL : http://id.erudit.org/iderudit/014714ar

(12)FARNOUD, Esmaeel : Processus de la traduction : charge cognitive du traducteurCorela [En ligne], 12-2 | 2014, mis en ligne le 15décembre 2014, consulté le 07août 2017. URL : http://corela.revues.org/3615

(13)مصطلحات تعليم الترجمة، مرجع سابق، ص. 41.

(14)DELISLE, Jean, 1984, Op.cit., p.77.

(15)DELISLE, Jean, 1984, Ibid., p.77.

(16)دوريو كريستين: أسس تدريس الترجمة التقنية، ترجمة هدى مقنّص، المنظمة العربية للترجمة، بيروت – لبنان، 2007، ص.126.

(17)REISS, Katharina: Problématiques de la traduction : les conférences de Vienne, Volume 1de Bibliothèque de traductologie, Economica, 2009, p.68.

(18)REISS, Katharina, Ibid., p.68.

(19)REISS, Katharina, Ibid., p.69.

(20)DELISLE, Jean, 1984, Op.cit., p.82.

(21)LAVAULT, Elisabeth: Traduction spécialisée : pratiques, théorie, formations, Bern, New York : P. Lang, Collection : Travaux interdisciplinaires et plurilingues en langues étrangères appliquées, v. 10, 2007, p.227.

(22)GOUADEC, Daniel, Op.cit., p.9.

(23)GILE, Daniel, Op.cit., 1992, p.p. 258-259.

(24)GILE, Daniel : Les outils documentaires du traducteurPalimpsestes [En ligne], 8 | 1994, mis en ligne le 01janvier 1996, consulté le 25août 2017. URL : http://palimpsestes.revues.org/735

(25)دوريو كريستين، مرجع سابق، ص.70-71.

(26)حسام الدين مصطفى: أسس وقواعد صنعة الترجمة، سلسلة أسس وقواعد صنعة الترجمة، http://www.hosameldin.org، 2011، ص.261.

(27)PERALDI, Sandrine  et al.: Comparatif traduction automatique, traduction assistée par ordinateur et traduction humaine dans le domaine de la financeTralogy [En ligne], Tralogy II, Session 3,  mis à jour le : 08/10/2014, consulté le 11août 2017. URL: http://lodel.irevues.inist.fr/tralogy/index.php?id=312

(28)GILE, Daniel, Op.cit., 1992, p.p. 260-261.

(29)GILE, Daniel, Ibid., 1992, p. 261.

(30)GILE, Daniel, Ibid., 1992, p. 261.


Références

1.                      Langue source ou langue de départ.

2.                      Langue cible ou langue d’arrivée.

3.                      Passage original en Arabe traduit en Français par nos soins.

4.                      N’ayant pas pu consulter le livre original en Français, nous nous sommes référés à sa traduction arabe et avons procédé à la traduction du passage vers le Français.

5.                      Passage original en Arabe traduit en Français par nos soins.

6.                      Certaines réponses n’ont pas pu être intégrées dans les tableaux parce qu’elles appellent des réponses plus développées mais nous les mentionnerons dans les commentaires.

7.                      Pas de réponse.

8.                      Cela ne sous-entend aucunement que les autres ont pu la traduire, car nous ne pouvons pas nous fier totalement aux jugements des participants, car même si certains semblent satisfaits de leurs traductions, nous avons néanmoins relevé un certains nombres d’erreurs ou de fautes dans leurs textes ou leurs traductions laissent à désirer parce qu’elles ne respectent pas le style de l’auteur.

9.                      Nous remarquons que les 75% qui n’ont pas sollicité l’aide d’une tierce personne ont quand même répondu par un « non » aux 2 questions suivantes et dépendantes de cette question, c’est pourquoi, nous ne tenons pas compte de leurs réponses.

10.                  Nous n’allons pas trop nous attarder sur ce point car nul n’est sans savoir que les connaissances linguistiques sont indispensables dans la traduction.

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Amina Fatima Zahra TALBI, «Comprendre pour traduire : cas des diplômés en Traduction en Algérie»

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Papier : ,
Date Publication Sur Papier : 2017-12-13,
Date Pulication Electronique : 2017-12-13,
mis a jour le : 17/10/2018,
URL : https://revues.univ-setif2.dz:443/revue/index.php?id=2366.