La Phobie scolaire Angoisse de séparation ou syndrome d’inadaptation scolaire
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N°18 Juin 2014


La Phobie scolaire Angoisse de séparation ou syndrome d’inadaptation scolaire

pp : 273 - 282

Mokhtar Bouteldja
  • resume:Ar
  • resume
  • Abstract
  • Auteurs
  • TEXTE INTEGRAL
  • Bibliographie

         يهدف هدا العمل إلى مناقشة إشكالية اضطراب الفوبيا المدرسية،هده الإشكالية التي طالما طرحت بين المختصين في حقل علم النفس المرضي و الطب العقلي حيث ضل الجدل قائما بين و جهتي نظر، الأولى ترى بان الفوبيا المدرسية مرتبطة بعوامل أسرية(قلق الانفصال)، أما وجهة النظر الأخرى فترى بان الاضطراب  ما هو إلا شكل من أشكال سوء التكيف المدرسي ولمناقشة هدا العمل حاولنا الوقوف عند، مفهوم الاضطراب، تاريخه،الجدول العيادي، الآليات المرضية الكامنة، العوامل الأسرية المحددة لهدا الاضطراب،ثم مدى مساهمة المدرسة في ظهور هدا الاضطراب و في الأخير ناقشنا هده الجدلية مستعينين بآراء مختلف المختصين في هدا الحقل.


الكلمات المفتاحية׃الفوبيا المدرسية، العوامل الأسرية،  المدرسة،التمدرس

  Dans une société où la réussite scolaire est de plus en plus valorisée, l’école est devenue le lieu le plus convenable pour l’émergence des troubles psychologiques, le présent article mis le point sur un trouble fréquemment connu dans l’école , c’estle refus Scolaire anxieux ou la phobie scolaire, ce trouble qui ne pouvait naître qu’avec l’obligation de la scolarité, et qui depuis sa description continue à soulever bien des questions dans la plupart des pays,  dans ce travail Nous aborderons au préalable l’histoire et la classification  du concept, les processus et les mécanismes psychopathologique  ainsi que le diagnostic

Puis le rôle de la famille et de l’école dans l’émergence de ce trouble, et à la fin on a essayé de discuté la problématique concernant l’étiopathogénie de ce trouble entre la famille et l’école.


Les mots clés : Phobie Scolaire, Facteurs Familiaux, L'école, Scolarisation.

 In a society where academic success is increasingly valued, the school became the most suitable place for the emergence of psychological disorders, this article put the focus on a commonly known in school disorder, is anxious school refusal or school phobia, this disorder could arise with the obligation of education, and from his description continues to raise many questions in most countries in this work will be discussed prior history and classification of the concept, processes and psychopathological mechanisms and diagnosis
then the role of the family and school in the emergence of this disorder, and in the end we tried to discuss issues concerning the pathogenesis of this disorder between the family and the school.

 

Keywords :  School Phobia, Family, School.

1-introduction

         A l’époque contemporaine tous les pays sont préoccupé par le problème de l’école mais de manières différentes, dans des pays ils n’ont même pas les moyens pour la bonne scolarisation de leurs enfants, dans d’autre pays tous les enfants vont à l’école et ont l’obligation d’y aller pendant un temps qui ne cesse de s’allonger, jusqu’à 16 ans en Algérie par exemple, un certain nombre d’enfants ne considèrent pas cela comme une chance et le manifeste de façon variée. Aujourd’hui nous considérons que la fréquentation régulière de l’école est nécessaire et Importante pour l’éducation et la scolarisation des enfants, une absence longue pour quelque raison que ce soit peut avoir de grandes conséquences pour l’apprentissage et le développement social.

          Sur le plan du développement de l’enfant, la scolarisation repose sur deux axes principaux :

-la séparation du milieu familiale.

-l’acquisition d’apprentissage non immédiatement utilisable, essentiellement véhiculés par le langage, pour  Winnicott "  réussir à l’école, c’est être capable de s’intéresser à ce qui ne nous concerne en rien"1.Lorsque l’enfant ne peut supporter les exigences développementales imposées par l’école qui devient un milieu de souffrance, un des moyens de s’en protéger sera de ne plus y aller. On parlera alors de phobie scolaire (terme plutôt utilisé dans la terminologie française), même si se n’est pas la scolarité qui est crainte et que l’angoisse est déclenchée par la séparation d’avec la mère et la maison, d’où la terminologie anglo-saxonne qui décrit la même pathologie sous le terme d’anxiété de séparation ou refus scolaire anxieux.

La prévalence de ce trouble est difficile à évalué avec exactitude, elle reste modeste mais non négligeable ; 1٪des enfants d’âge scolaire et jusqu’à 50٪des consultations en milieux pédopsychiatrique. Il semble toutefois que la phobie scolaire soit en augmentation dans tous les pays 2

        La phobie scolaire est une pathologie lourde de conséquences, scolaires, familiales, et sociales, et s’accompagne toujours d’une détresse émotionnelle importante, les conséquences immédiates de la phobie scolaire sont grave, d’une part la somatisation importante qu’elle entraine souvent, pousse à la mise en place de bilan médicaux et qui est à l’origine d’un retard de diagnostic, d’une autre part l’échec scolaire et qui est le résultat de la phobie scolaire.

            De ce fait il est important de comprendre cette pathologie que se soit sur le plan clinique et les déférents symptômes observé, ou bien les déférents mécanismes psychopathologiques impliqués, et le rôle de l’école et de la famille, et c’est la question soulevée dans notre article la phobie scolaire est-elle liée à l’angoisse de séparation ou bien ce n’est qu’un syndrome d’inadaptation scolaire?

2-histoire et classification 

La naissance du concept de la phobie scolaire est relativement récente, mais sa ne signifie pas qu’avant il n’existe pas des travaux pour déterminer cette pathologie.Dans un travail sur les peurs de l’enfant en 1887, A.Benet a souligné un cas d’un enfant dont le mutisme était contemporain à son arrivée à l’école, ce qui décèle d’aprèsl’auteur un refus de travail scolaire3, de son coté I.T, Broadwin en 1932 note que l’absentéisme peut représenter un acte de défiance, une tentative pour obtenir de l’amour, ou s’évader de situations réelles pour les quelles il est difficile de faire face, et c’était la première fois ou Broadwin mis le point sur l’importance psycho-affectif du symptôme scolaire4, en outredans ces années (trentaines) ils n’avaient connu que l’absentéisme, et l’école buissonnière, et ce n’est qu’en 1941, Adélaide Johnson et all , isolent la phobie scolaire comme une entité clinique, distinguant aussi d’un coté les enfants qui présentent des désordres de la conduite s’accompagnant parfois de tendance délinquantes, d’un autre groupe d’enfants pour des raisons irrationnelles refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très vives, ou de panique quand on essaie de les y forcer5, donc on distingue deux types d’enfants qui présentent des difficultés scolaires, ceux qui désirent aller en classe et ont des ambitions scolaires mais refusent d’aller à l’école c’est les phobiques scolaires, et ceux qui n’aiment pas aller à l’école par manque d’intérêt et préfèrent flâner dans les rues et actent souvent leur refus dans l’école buissonnière, c’est les écoliers de buissons.D’ailleurs ce concept est actuellement englobé dans le "trouble: angoisse de séparation", inclus lui-même dans les "troubles anxieux de l’enfance et de l’adolescence" dans les classifications internationales (DSM III et IIIR) et même dans le (DSMVI-TR), à défaut de la nommé, la réduit à un simple élément d’une phobie de situation, voir à une anxiété de séparation,  et  c’est dans la classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent6qui accorde une place pour la phobie scolaire, à même de refléter quelques aspects de la singularité7, La CIM 10 n’emploie pas le terme de phobie scolaire et range la description afférente dans les « troubles anxieux phobiques de l’enfance « qui possède une parenté avec le « trouble panique «. très rapidement dans la période ou la pédopsychiatrie conquiert ses lettres de noblesse, l’entité phobie scolaire soulève des controverses…  certes, elle s’éloigne des classiques concepts des phobies de  la psychopathologie de  l’adulte et s’autonomise par son organisation psychopathologique non fondée sur l’objet de la peur.

            Il convient de souligner un point concernant la dénomination utilisé dans le champ de psychopathologie, entre phobie scolaire ou refus scolaire anxieux, c’est à la fin des années 60 que des auteurs ont commencés à utiliser l’expression de refus scolaire à la place de phobie, Certains continuent encore à l’heure actuelle à privilégier une distinction entre ces deux termes, distinction reprenant en partie au moins les différences cliniques liées à l’âge auquelse manifestent les troubles comme le souligne Lobovici" La phobie scolaire constitue un symptôme névrotique et caractérise l’organisation d’une névrose invalidante de l’enfance.

     De ce fait elle est une forme très particulière de ce que l’on appelle refus scolaire"8 En fait, de nos jours, le terme de phobie scolaire, faisant référence à l’origine à une définitionpsychanalytique, est fréquemment remplacé dans la littérature par la dénomination plus théorique et descriptive de refus scolaire ou de refus scolaire anxieux.

3- clinique 

le tableau clinique le plus classique dans la phobie scolaire est la crise d’anxiété aigue liée  aux premières fréquentations scolaires, avec rage, colère et opposition violente qui se manifestent soit à la maison, au moment de partir pour l’école, soit au retour.

        Il arrive que l’anxiété se somatise, elle s’exprime alors par des vomissements, des douleurs abdominales, des céphalées ; ces manifestations disparaissent si l’enfant ne va pas à l’école ou lorsqu’il rentre de l’école. L’enfant phobique utilise également des mécanismes régressifs tels que l’énurésie ou l’encoprésie9. ,la phobie scolaire surgit souvent dés le début de l’année scolaire ou bien après une période de vacance ou encore à l’occasion de tout événement à type de décès d’un proche, de séparation parentale, de déménagement, d’un redoublement, de changement de place dans la classe, d’un dispute avec un camarade, etc11.en fait les événements à l’origine d’une phobie scolaire ont en commun d’avoir une valeur de séparation. Ils représentent une menace à la sécurité de l’enfant et suscitent une angoisse qui ne peut pas être contrôlée loin de la maison12et dans ce contexte l’ensemble des auteurs distinguent différents typesde phobies scolaires : précoces, entre 5 et 7 ans essentiellement corrélées à l’angoisse de séparation, et plus tardives, après 10 ans, avec des mécanismes psychopathologiques plus complexe13.de son cotéM.Sperling(1967)àdistingué trois formes de phobie scolaire :

-la phobie scolaire aiguë, secondaire à un traumatisme : La manifestation phobique permet alors au sujet de maintenir un holding–handling autour de ses entourages immédiatset de prévenir un effondrement somato-psychique contingent. Il s’agit d’une modalité réactionnelle à tonalité de copingnégatif.

 - la phobie scolaire induite, secondaire à une relation mère–enfant, voire père–enfant pathogène et/ou pathologique : Celle-ci s’observe notamment chez l’enfant quis’investit de la mission de soigner un parent en souffrance (dépressif, éthylique, phobique, etc.). D’autres, sur le prototype de l’angoisse de séparation maternelle originaire, prennent en charge l’angoisse parentale. Le tout se rapproche de l’anxiété de séparation.

- la phobie scolaire chronique : qui se présente comme l’installation de l’une des deux formes cliniques sus développées à même d’interférer14En fait L’expression symptomatique est liée à l’école lors du départ, l’enfant s’agite, manifeste une angoisse importante. Cette angoisse apparaît parfois seulement dans la salle de classe. Ce malaise ira croissant en intensité s’étendant à tous les cours et au chemin de l’école. On peut noter des crises d’anxiété voire de panique au moment de quitter la maison.

4-mécanismes et processus psychopathologique

Différentes approches théoriques ont été développées au sujet du refus scolaire anxieux, apparaissant comme une conduite surdéterminée.     Les études portant sur les refus scolaires anxieux de l’enfant ont largement insisté sur l’angoisse de séparation, en tant que vecteur de cette expression pathologique. Néanmoins, ce modèle théorique et explicatif ne peut être suffisant à l’adolescence, caractérisée par un travail psychique spécifique, en particulier la nécessité du désengagement du lien aux objets œdipiens et par la qualité nouvelle des relations aux pairs.

         En 1956, Johnson et son équipe mettent en avant la problématique de l’angoisse de séparation, qui leur semble au cœur de la phobie scolaire. Selon eux, cette dernière constitue une variante clinique de l’angoisse de séparation. Après eux, de nombreux auteurs ont soutenu cette même hypothèse (Gittelman‐Klein 1995), par exemple, considère le refus de l’école comme la plus sévère des formes cliniques de l’angoisse de séparation .

          Pour Sperling les phobies scolaires sont liées à une phase psycho-affective précoce sadique-anale (préodepienne), Elles témoignent d’un conflit autour de la séparation et de l’autonomisation de l’enfant par rapport à la mère et traduisent des défaillances dans l’organisation narcissique. Le lien infantile à la mère est ainsi maintenu, grâce à la relation d’objet phobique, et les fantasmes d’omnipotence sont préservés15de son cotélobovici (1990) suggère que le refus scolaire anxieux ou bien la phobie scolaire est un symptôme de caractère névrotique» la phobie transforme l’angoisse simpleen une peur, peur d’une situation, ou de l’évocation d’une situation, le passage de l’angoisse à la peur est le témoignage du déplacement qui caractérise l’élaboration phobique (lobovici 1990). La phobie scolaire rend compte de l’échec de refoulement(la phase de latence étant caractérisée par un refoulement massif) et ouvre la voie aux projections de la situation familiale sur le milieu scolaire, on outre plusieurs auteurs évoquent un profil type chez ces enfants, il s’agit d’un élève plus ou moins brillant, mais sérieux selon . Dugas et Gueriot, étudies sur 68 sujets 57, ils sont de bons élèves ou tous au moins moyens, leurs intérêts pour le travail scolaire est notable, ils ont souvent une anxiété un peur exagérée pour les examens et les contrôles, ce sont également d’après les auteurs des enfants peu tourné vers les divertissements extrascolaires, il y a parfois eu une difficulté d’adaptation à l’école maternel, l’enfant très dépendant de sa famille parfois avec une note d’agressivité ambivalente. Dugas et Gueriot insistent sur la pauvreté des manifestations pathologiques avant la phobie en dehors de l’anxiété manifestée dans les séparations. Quelque fois on pourra mettre en évidence un absentéisme supérieur à la normale pour des maladies normales16.

5-dynamique familiale 

dans la maturation et la croissance psychiques de l’enfant et dans leurs troubles interviennent des facteurs endogènes propre à l’enfant (son tempérament, son organisation psychique..) et des facteurs exogènes environnementaux.

           La dynamique relationnelle et familiale est considérée pour certains comme fondatrice du symptôme (Didier,H,2004.) Des enquêtes familiales ascendantes ont permis de mettre en évidence une augmentation des troubles thymiques ou des troubles anxieux et thymiques au 1er et 2emedegré d’enfants et d’adolescents présentant des phobies scolaires17).

Les travaux de Dugas et Gueriot ont révélé des traits de personnalité spécifique chez les parents de ces enfants:  la mère est alors en apparence très indulgente et permissive mais inconsciemment son discours dissimule une «rigidité profonde ». Schématiquement elle insiste en apparence l’enfant à s’éloigner d’elle, "va à l’école", dit-elle, mais avec une signification en fait bien différente, perçue par lui " je ne supporterais pas que tu m’abandonnes". D. Marcelli et A.Braconnier insistent également sur l’anxiété excessive de ces mères et sur le lien d’hyperdépendance précoce mère-enfant. Pour ces auteurs, le lien mère-phobique/fille-phobique est fréquent, ce qui a conduit à parler de " névrose mutuelle ".  Plusieurs auteurs soulignent également un état dépressif chronique chez les mères d’enfants phobiques scolaires. Cette dépression maternelle, accompagnée d’une culpabilité importante, conduit l’enfant à intérioriser une imago maternelle fragile, donc insuffisamment contenante pour lui assurer une autonomie psychique, et les bases d’un narcissisme solide. Le désir d’autonomie suscite alors un sentiment de culpabilité chez le sujet . D’autre part ces éléments de dépression maternelle activent chez lui des représentations de mort de la mère, très difficile à refouler (Golse,B.2002). L’incapacité à se séparer d’elle implique non seulement la crainte qu’il puisse lui arriver quelque chose en son absence, mais aussi la difficulté à élaborer un auto-érotisme suffisant pour être un temps autonome et pour changer d’objet, notamment pendant le temps scolaire, désinvestir la mère pour investir l’instituteur. Ainsi cette insécurité interne est à l’origine d’une grande dépendance à l’environnement. Elle se traduit par un hyper-accrochage à la mère déprimée, ce qui renforce encore, en un cercle vicieux, l’insécurité interne de l’enfant  et alimente une blessure narcissique intense.

Dans ce jeu relationnel, le père dans la majorité des cas semble peu capable de tenir son rôle viril et paternel. Il est soit absent (divorcé, décédé, éloigné pour raisons professionnelles …) ou inaccessible, soit déchu de son rôle et de sa fonction Présent, il est dévalorisé par la mère, malade chronique ou invalide. Il souffre également fréquemment d’anxiété chronique, et présente des éléments dépressifs19.

         En fait les images parentales sont trop contrastées, les pers sont très souvent des personnes absentes, ou peu accessibles, qui ne jouent pas de rôle central dans l’éducation. On note une grande fréquence d’éloignement du père par divorce, séparation ou motifs divers, et de leurs coté les meres présentent aussi des particularité comme on a cité avant, mais peut-on vraiment lier la phobie scolaire par cette spécificité familiale (maitre les parents en cause) ou bien faut-il interroger l’école?

6- l’école peut-elle engendrer la phobie scolaire?

l’impossibilité d’aller à l’école heurte le bon sens des adultes, et d’abord des parents, il est évident pour l’entourage que l’école est responsable de la phobie scolaire, puisque le Week-end et les vacances se déroulent sans la moindre angoisse, l’enfant exprime rarement sa peur de y aller à l’école sans bien savoir pourquoi, par contre il est très fréquent qu’il invoque des faits comme ;la peur d’un camarade, la réprimande d’un professeur, la peur de ne pas plaire aux autres, a cette rationalisation les parents vont rependre par des démarches adaptés , rencontre avec les enseignants, mise au point avec les camarades, changement d’établissement.Donc La phobie scolaire est l’une des troubles dans la quelle l'école se trouve directement.

         Accusée, et dans l’objectif de rependre sur cette question ; Christine Moreau- Pascalepropose deux possibilité dans l’école soit impliquer directement dans la phobie scolaire, la premièreconsiste à marginaliser l’enfant en difficulté en faisant de lui un déviant ou un malade donc à soigner si possible dans une structure adaptée.

 La seconde consiste au contraire à prôner la toxicité de l’école, en évoquant tout un panel de cause concernant tantôt le contenant ou le contenu ; rythme scolaire, effectif chargés, variabilité des élèves, méthodes pédagogiques, formation des enseignants20.  De son coté Lebovici, suggère une approche socio-pathologique de la phobie scolaire, et dans ce cadre il écrivait »  la classe ne peut être conçu par les observateurs comme une zone dangereuse, l’école est l’endroit ou l’on apprend, grandi et se socialise, s’autonomise et ou l’on devient en un mot un grand ou un adulte». Pour Ajuriaguerra(1980), il est bien question de comprendre la phobie scolaire dans le cadre de la relation quadrangulaire, enfant-père-mère-école, donc pour lui la phobie scolaire soit une pathologie qui recouvre des mécanismes psychopathologiques complexes et amarrée dans le développement très précoce, nul n’en doute mais le fait même que cette souffrance s’exprime par rapport à l’école devrait permettre de ne pas négliger le choix de l’objet phobogène en incluant le rapport à l’école tant dans les élaborations théoriques que dans la prise en charge thérapeutique21. Diatkine,R, s’interroge aussi sur le bien être de l’enfant à l’école, l’épanouissement de l’élève est sous la dépendance du développement  psychoaffectif de l’enfant,  mais dépend également de la qualité des premiers contacts avec l’école.22 De son coté J.Lacan, suggère un lien entre la phobie scolaire et le rapport au savoir, pour lui ce que nous appelons savoir, c’est une certaine position par rapport à l’ignorance ; ainsi Lacan a parlé de « la passion de l’ignorance », ce qui ne veut pas dire mettre une passion à ne rien savoir, mais être animé par ce qu’on ne sait pas. C’est par rapport au manque structurel dans le savoir  (le traumatisme) que va se manifester chez le sujet une urgence de savoir articulée à la nécessité de trouver rapidement un sens à ce qui se présente pour lui comme une énigme.  C’est une contrainte irrépressible, dit Freud.

ces questions : Comment fait-on les enfants? Pourquoi fait-on des enfants? D’où viennent les Enfants? De quel désir suis-je issu?

        L’éducation sexuelle ne donnera jamais la réponse à la question du désir particulier qui a procédé à notre venue au monde.Quelle est sa place dans le désir de l’Autre? Qu’est ce qui justifie notre existence? NeSommes nous pas toujours en trop? C’est cette absence de savoir qui le pousse à se tournervers l’Autre dans l’espoir d’y trouver une repense.Il essaye d’arracher à l’Autre des bribes de savoir sur le sexe et sur la mort et en mêmetemps, paradoxalement, il peut être écrasé par les signifiants qui lui viennent de l’Autre.

Cesavoir peut devenir insupportable, car il veut inventer sa propre réponse ; c’est là que lesavoir de la pédagogie trouve ses limites, au bénéfice de ce qui s’appelle le savoir de L’inconscient.

        Transmettre un savoir et susciter un désir de savoir ne sont pas du même ordre. Cet autre savoir, qui s’oppose aux savoirs articulés, c’est celui de la psychanalyse, que Lacan appelle vérité du sujet (c’est la jouissance propre à chacun qui fait l’originalité, la singularité du savoir inconscient). Il n’est pas le même pour tous, ni du côté de la norme. Apprendre et savoir « à prendre » 23.

7- discussion et conclusion 

la discussion de cette problématique concernant l’étiopathogénie de la phobie scolaire entre la famille d’une part et l’école d’une autre part nous mètre devant plusieurs hypothèses, des hypothèses qui suggèrent un rôle fondamentale de la dynamique relationnelle et familiale, comme les travaux de Dugas et Gueriot sur les traits de personnalité spécifique chez les parents de ces enfants :  la mère est alors en apparence très indulgente et permissive mais inconsciemment son discours dissimule une « rigidité profonde » d’autre comme D. Marcelli et A. Braconnier insistent également sur l’anxiété excessive de ces mères et sur le lien d’hyperdépendance précoce mère-enfant. Pour ces auteurs, le lien mère-phobique/fille-phobique est fréquent, ce qui a conduit à parler de  «  névrose mutuelle «,de l’autre coté des hypothèses qui mettent l’école en cause comme on a souligné avant24.

Dans tout cette dialectique entre la famille et l’école, et les différents points de vues il faut souligner un point important ; l’école ce n’est qu’un alternatif affectif de  la famille, dont l’enseignant remplace les parents, et les collègues de classe remplacent la fratrie, donc toute altération dans la relation au niveau de l’école soit d’avec l’enseignant ou les camarades peut éveiller des défaillances psychoaffectif précoce vécu par l’enfant(ça peut être liée à des traits de personnalité spécifique chez les parents soit pathologique ou non pathologique, ou bien des situations conflictuels non résolu).

En fait la discussion de cette problématique (famille, école) n’a pas d’importance c’est en la mettre pas dans sa relation quadrangulaire, enfant-père-mère-école comme l’a souligné Ajuriaguerra(1980), donc pour lui la phobie scolaire soit une pathologie qui recouvre des mécanismes psychopathologiques complexes et amarrée dans le développement très précoce, et aussi comprendre les limites de la contribution de l’école dans le rôle psychoaffectif de la famille.

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S. Lebovici et A. LeNestour  ; A propos des phobies scolaires graves. La psychiatrie de l’enfant; XX, 2, 1977, p383-432

@pour_citer_ce_document

Mokhtar Bouteldja, «La Phobie scolaire Angoisse de séparation ou syndrome d’inadaptation scolaire»

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Papier : pp : 273 - 282,
Date Publication Sur Papier : 2014-06-01,
Date Pulication Electronique : 2014-06-16,
mis a jour le : 03/10/2018,
URL : https://revues.univ-setif2.dz:443/revue/index.php?id=1122.