Prolifération des sigles dans Le Quotidien d’Oran et problèmes d’interprétation
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N°22 Juin 2016


Prolifération des sigles dans Le Quotidien d’Oran et problèmes d’interprétation

Feiza Aichour
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  • Abstract
  • Auteurs
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  • Bibliographie

الِاختِزالات هي نوع من الِاختِصار وهو عملية تَكوين في النَحو والَّذي يَهدِف إِلى تَقلِيص مجموعة عِبارات مُتتالية في عِبارة واحِدة إِذًا الاِختِزال هو عِبارة عن معنى ذا تعبيرين. السُؤَال الّذي يَطرَحُ نَفسَهُ هُنَا هُوَ عَن مَعرِفة ما إذا كان قارِئ الصَّحافة الجزائريّة الناطقة باللُّغة الفرنسية قادر على إيجاد الكلمات المتتابعة التي بِداياتها مَوجُودَة في الاِختِزَال. الاِختِزال يظهر في الجرائد بدون شرح’و في غياب أيِّ شرح ’ كيف يفهم هذا الاختزال ’ و بالتَّالي كيف يُفهم الحِوار الصَحَفي.

هذا المقال يَعرِض إِجابة لهذا السُّؤال عن طريق إجراء تحقيق مع قرَّاء جريدة ""Quotidien d’Oran.والنتائج عُرِضَت في هذا المقال.

الكلمات المِفتاحِيَّة: الِاختِزالات’تكاثر’ الترجمة (التأويل) ’ الصَّحافة الجزائريّة الناطقة باللُّغة الفرنسية مشاكل التفسير

les sigles sont une forme d’abréviation et c’est un procédé de formation du lexique qui consiste à réduire une suite de mots en un seul mot, donc le sigle est un signifié qui a deux signifiants. La question qui sepose ici est de savoir si les lecteurs de la presse algérienne francophone sont capables de retrouver la suite de mots initiale à laquelle est rattaché le sigle. Dans les journaux, le sigle apparait seul, sans sa glose, et en l’absence de toute explication, comment interpréter le sigle, donc comment comprendre le discours de presse.

Cet article se propose de répondre à cette question, à travers une enquête menée auprès des lecteurs du « Quotidien d’Oran ». Les résultats sont exposés dans cet article.

Mots clés : sigles, prolifération, interprétation, la presse algérienne d’expression français, problèmes d’interprétation.

Acronyms are a type of abbreviation, a word (lexicon) formation process that consists in reducing a succession of words to a single word, thus the acronym is one signification, which has two significant.  The question that arises here is to know if the readers of the French-speaking Algerian press, are able to find the initial continuation of words to which are attached to the acronyms.

In newspapers, the acronym appears alone, without its gloss, and in the absence of any explanation, how to interpret the acronym, therefore to understand the speech of press.

This article suggests answering this question, through an investigation led with readers of the "Quotidien d’Oran". The results are exposed in this article.

Keywords: Acronyms, proliferation, interpretation, Algerian press of French Expression, interpretation problems.

La communication humaine n’a cessé de susciter l’intérêt des sociolinguistes et des psycholinguistes. Elle est le domaine par excellence des linguistes.

Notrearticle se consacre   à un type particulier de la communication humaine, et est née d’un constat : celui de la récurrence des sigles dans le discours de la presse écrite d'expression française. Il s’agira d’analyser l’impact de la prolifération de cette nouvelle forme d’écriture sur la compréhension du discours de presse.« Les sigles sont, comme on le sait, ces abréviations diverses qui foisonnent dans le discours de presse et des médias en général » (SAADI, 1986, p. 88).

Les sigles sont de plus en plus utilisés dans la langue de tous les jours. On les trouve dans tous les types de discours, à l’écrit comme à l’oral. Dans la presse, on s’aperçoit que dans chaque colonne de journal, il y a plusieurs sigles non explicités qui apparaissent. Ils sont employés pour désigner des organismes administratifs, des associations, des sociétés (mêmes les plus petites), des partis politiques, des concepts scientifiques, des pays, etc. D’ailleurs on ne dit plus Crédit National d’Epargne et de Prévoyance, ni Front de Libération Nationale, ni syndrome d’immunodéficience acquise mais CNEP, FLN, SIDA.

Les sigles facilitent la communication en procédant à la synthétisation d’un groupe de mots. Cette synthétisation commence par la réduction graphique de la suite de mots aux signifiants de chacune de leurs initiales ; par contre le signifié reste le même.

Notre objectif est d’étudier l’impact de la prolifération de ces sigles sur la compréhension du discours de presse.

On a eu l’occasion depuis bientôt trois années de mener une enquête sur le décryptage des sigles par des usagers. On a soumis un échantillon de 30sigles (les plus récurrents dans le journal) à un groupe de 100personnes de sexe, d’âge et de statut social différents. Ces sigles ont tous été relevés dans un quotidien national algérien. Les personnes auxquelles on les a soumis forment un échantillon hétérogène représentatif : des étudiants et des travailleurs de sexe différents. Ces individus ont un contact direct avec des sigles, vu la situation bilingue en Algérie. On leur a demandé tout d’abord d’identifier les sigles de la liste, ensuite d’essayer de les traduire(les sigles), c’est-à-dire de retrouver leurs sources.

Notre corpus est recueilli dans un journal quotidien. Notre recherche portera sur un quotidien national d’expression française. Nous choisirons à cet effet :            

        - « Le Quotidien d’Oran », diffusé massivement dans la région de l’ouest.

Le Quotidien d’Oran :

C’est un quotidien régional fondé en 1994à Oran, devenu national en 1997, cette publication francophone a rapidement étendu son influence au-delà de l'Ouest algérien.   « Le Quotidien d'Oran » met l'accent sur les analyses politiques et les reportages.

La période retenue s’étale sur un mois : du 20mars 2004au 20 avril 2004. Cette période est représentative, c’est la période des élections présidentielles en 2004, où on remarque un véritable flux de sigles notamment dans le domaine politique.     

La collecte des sigles se limitera à une seule rubrique, celle des « événements » qui s’étale sur cinq pages sur un ensemble de plus de vingt pages. Nous avons recensé un échantillon de cent sigles recueillis avec leurs contextes dans le Quotidien d’Oran.

La méthodologie suivie est descriptive car on va procéder à la description des sigles. Aussi, nous nous servirons de la méthode analytique, car nous comptons analyser un fait qui appartient à l’écrit sous un angle linguistique. Le moyen d'investigation employé pour la vérification de l'hypothèse émise est l’enquête.

Les résultats sont révélateurs   

Résultats 

Pourcentage des enquêtés traduisant les sigles.

Nous voyons dans ce tableau que le nombre d’enquêtés qui ont pu traduire les sigles est très inférieur à ceux qui ont pu les connaître. L’ensemble des résultats sera commenté après le relevé de fautes, ce sont de fausses traductions.

Sigles

Traductions

Fausses traductions

Connu et pas traduit

Nombre des bonnes réponses

AEP

Alimentation en eau potable

1

1

2

AIS

Armée islamique du salut

16

2

19

ANP

Armée nationale populaire

7 (4 en arabe)

3

40

BDL

Banque du développement local

1 en arabe

7

53

CEN

Commission exécutive nationale

5

/

5

CHU

Centre hospitalo-universitaire

19

2

45

CNES

Conseil national du syndicat des enseignants du supérieur

16 (1 en arabe)

7

32

CNR

Caisse nationale de retraite

5

5

25

EMA

Eau minérale algérienne

5 (1 en arabe)

/

5

ENTV

Entreprise nationale de la télévision

14 (2 en arabe)

8

57

FFS

Front des forces sociales

25 (2 en arabe)

12

54

FIS

Front islamique du salut

17(2 en anglais)

15

61

FLN

Front de libération nationale

17

7

68

GIA

Groupe islamique armé

9

7

52

GN

Gendarmerie nationale

10

3

17

GPL

Gaz et pétrole liquéfié

12

3

19

MDA

Million de dinars algérien

20(1 en arabe)

/

20

MSP

Mouvement de la société et de la paix

/

2

2

OMC

Organisation mondiale du commerce

/

3

37

ONU

Organisation des nations unies

10(1 en anglais)

5

49

OTA

Orascom-Télécom Algérie

8(1 en arabe)

7

47

PT

Parti des travailleurs

7

5

35

RCD

Rassemblement pour la culture et la démocratie

17

6

47

RN

Route nationale

7(2 en arabe)

3

23

TIC

Taxe intérieure sur la consommation

3

3

6

TRB

Théâtre régional de Bejaia

2

2

4

TSA

Taxe spécifique additionnelle

/

4

4

UE

Union européenne

6 en arabe+ 1 en anglais

3

38

UGEL

Union générale des étudiants libres

20

5

49

UGTA

Union générale des travailleurs algériens

7(5 en arabe)

5

43

Relevé des fausses traductions des sigles.

Les fautes que nous avons relevées durant le dépouillement des résultats nous amène à dire que les questionnés, comblés par leur propre invention, utilisent des créations personnelles, c’est-à-dire qu’ils se mettent à inventer des sigles qui s'accordent avec les initiales qui leur sont proposées.

Sigles

Fausses traductions

AEP

Eau potable

AIS

 

Armée islamique de sauvetage (10)- Armée islamique de soutient (4)-Armée islamique de secours (2)

ANP

Assemblée nationale populaire (2)-Armée nationale publique- وكالة النشر و الإشهار( 4 )

BDL

وكالة الإشهار

CEN

Centre d’études national (5)

CHU

Centre hospitalier universitaire (10)-Centre hospitalo urgence (9)

CNES

Centre national social-Centre national d’études supérieures-Comité national des enseignants-Centre national de l’enseignement supérieur-Comité national des enseignants secondaires (3)-Comité national des enseignants du supérieur-Caisse nationale d’épargne sociale (3)-Caisse nationale d’épargne-Conseil national économique et social (3)-الصندوق الوطني للضمان الاجتماعي

CNR

Caisse nationale des retraités (5)

EMA

Entreprise des machines algériennes-الأمارات العربية المتحدة(4)

ENTV

Entreprise nationale de la télévision visuelle (5)-Emission nationale télévision (2)-Etablissement national de télévision (3)-Entreprise nationale de transport des voyageurs-Entreprise nationale de la télévision algérienne-القناة الوطنية للتلفزيون-التلفزيون الجزائري

FFS

Front fédéral pour sauver (12)-Front fédéralique pour sauver (10)-Front des forces sociales-جامعة فرحات عباس( 2 )

FIS

Fond islamicsécurity-Front islamique (4)-Formation / islamic / sécurity-Front islamique de secours (5)-Front islamique de sauvetage (2)-Front islamiste de sauvetage-Front des forces sociales (2)-Front islamique de soutient

FLN

Formation / libération / national (5)-Front libéral national (12)

GIA

Groupe islamique algérien (2)-Groupe des islamistes pour sauver (4)-Groupe islamique (3)

GN

Gaz naturel-Groupement national (2)-Groupe social (4)-Groupe national (3)

GPL

Gaz et pétrole liquide-Groupe de pétrole (4)-Gaz purifié liquide-Gaz propane liquéfié (3)-Gaz pétrolier liquide

Gaz liquéfié-Gaz produit liquide

MDA

Mouvement pour la démocratie en Algérie (13)-Mouvement démocratique algérien (5)-Mouvement du développement algérien-الحركة الديمقراطية الجزائرية

MSP

/

OMC

/

ONU

Organisation nationale (9)-Organisation national unit

OTA

Orbite téléphone Algérie-Organisation téléphonique algérienne (3)-Organisation du transport aérien-Organisation du transport aérien-Office du tourisme algérien-شركة هاتف نقال

PT

Point Télécom (2)-Poste de télécommunication (5)

RCD

Regroupement culturel démocratique (5)-Réunion de culture démocratique (2)-Recette des contributions diverses-Réunion pour la culture et la démocratie (5)-Rassemblement culturel et démocratique-Regroupement pour la culture et la démocratie-Rassemblement communiste démocratique (2)

RN

Réunion nationale (2)-Radio nationale-Rassemblement national (2)-حزب سياسي-التجمع الوطني

TIC

Technicien d’identification criminelle-Technologie de l’information et de la communication (2)

TRB

Théâtre régionale Batna-Taxe sur le revenu pétrolier

TSA

/

UE

الأمارات المتحدة(2) -اتحاد الأمارات(4) -United Emirate

UGEL

Union geunesse (jeunesse) étudiants libres (4)-Union générale estudiantine libre (4)-Unité générale des étudiants libres (4)-Union / geunesse (jeunesse) / étudiants / libres (4)-Union générale (4)

UGTA

Unité générale des travailleurs algériens (2)-الإتحاد العام للطلبة الجزائريين(5)

Commentaire du tableau. 

Ce tableau nous montre l’écart qui existe entre les personnes qui connaissent les sigles et les personnes qui peuvent les traduire.

       A cet effet, l’utilisation d’un sigle est séparée de la connaissance de sa source.

La majorité des enquêtés sont incapables de donner la source de AEP (alimentation en eau potable), sauf un seul enquêté qui a donné une fausse traduction (l’eau potable).

             Lorsque le locuteur utilise le sigle ou sa source, nous avons, et c’est le propre du sigle, deux signifiants pour un seul signifié. Ce processus qui est appelé siglaison génère des formes totalement autonomes, qui peuvent se passer de toute référence à leurs sources.

Donc le rapport qui existe entre un sigle et sa source tend à disparaître.

Ce tableau est très révélateur : pour le sigle MSP (mouvement pour la société et la paix), aucun enquêté n’a pu le traduire malgré les deux réponses positives qu’ont pu émettre deux enquêtés masculins (travailleurs).

   Le sigle est ainsi utilisé comme n’importe quel autre élément du lexique, tout à fait autonome et différent de sa source.

   Revenons à nos statistiques, pour le sigle AIS (armée islamique du salut), la majorité des traductions étaient fausses (16réponses) 

    Pour le sigle EMA (eau minérale algérienne), il y a eu une seule fausse traduction en langue arabe : l’enquêté masculin s’est senti contraint de respecter l’orthographe. Donc à la place d’EMA (eau minérale algérienne) on a eu (الأمارات العربية ...).

   Nous observons ce phénomène, celui de la traduction du sigle, soit en arabe soit en anglais  (rares exceptions, traductions). Ceci renvoie à la situation de bilinguisme en Algérie : les enquêtés connaissent et traduisent les sigles du corpus (questionnaire) en langue arabe.

 Il nous faut revenir au relevé de fautes. Nous avons en effet groupé toutes les réponses à la question, qui n’étaient pas les réponses exactes, c’est-à-dire, ne correspondaient pas à la source exacte. Ces réponses erronées sont en fait diverses, et nous pouvons y distinguer les quatre types suivants :

   - Les fautes absolues, celles par exemple   :

 MDA (millions de dinars algériens) qui a donné la traduction (mouvement pour la démocratie en Algérie) ou (mouvement démocratique algérien).

Aussi pour RCD : recette des contributions diverses.

                          GN : groupe social, gaz naturel

                          PT : point Télécom.

   Dans ces cas, le locuteur est incapable de connaître ou d’utiliser le sigle dans une phrase.

 - Les approximations sémantiques, qui expliquent par exemple :

 FIS (front islamique du salut) par (front islamique pour sauver) ou   (front islamique de secours). Cela fait référence à l’influence des événements politiques et les médias dans la vie des locuteurs. On cite aussi :

OTA (Orascom-Télécom Algérie) qui fut traduit (organisation téléphonique algérienne), et :

 (Groupe de pétrole) pour GPL.

- Les fautes relatives aux fautes d’orthographe, qui font correspondre au :

C de CNES : comité, centre, caisse

G de GN : groupe, groupement

 - Les fautes relatives à la situation de bilinguisme en Algérie, qui font correspondre les lettres du sigle en langue française à des initiales en langue arabe. Nous avons :

                                   EMA : الأمارات العربية المتحدة

                           UE : United Emirat, avec cette fois ci des initiales traduites en langue anglaise.

 Ces fautes appellent un certain nombre de commentaire. Ces fautes apparaissent chez un public enquêté dont l’âge varie entre 18-40ans. Le sigle qui donne lieu à de fausses traductions est en général peu connu par l’ensemble des enquêtés

 Les fautes d’orthographe consistent à mal traduire une ou plusieurs lettres du sigle, les enquêtés se sentent obligés de se plier aux contraintes orthographiques du sigle ainsi :

                 R de RN donne : réunion, radio

                  P de PT donne : point.

            Par contre, aucun enquêté ne s’est trompé pour l’initiale N (national). Cela prouve la haute fréquence de la source de cette lettre.    

Voilà en somme quelques commentaires qui accompagnent le tableau et les fausses traductions, telles qu’exprimées en langue française (sauf quelques exceptions en langue arabe et en langue anglaise) et par un public estudiantin, et des travailleurs dont l’âge varie entre 18et 40ans[ii].

Conclusion.

    Nous avons vu en commençant que le sigle se définit comme le résultat d’un processus appelé « siglaison », et qui jusqu’à alors n’était pas sujet à de monographies entières, sauf celles écrites par Jean-Louis Calvet (1980), mais néanmoins, cette tendance actuelle d’abrègement a suscité l’intérêt de beaucoup de chercheurs tel que Marc Plénat (1992, 1993), Marie-Françoise Mortureux (1994), Loïc  Dépecker… 

    Notre objectif était de démontrer que les sigles, qui sont une figure de l’économie du langage, ne facilitent pas la communication, dans certains cas. Ils contribuent à la confusion du discours, s’ils ne sont pas accompagnés de leurs gloses, surtout s’il s’agit de sigles de groupes. Ces sigles n’appartiennent qu’à un cercle restreint d’individus qui appartiennent à des classes socioprofessionnelles précises.  

   Ceci s’est vérifié à travers le moyen d’investigation employé. L’enquête a été menée sur des lecteurs du quotidien choisi. Le public se compose d’étudiants et de travailleurs ne dépassant pas les quarante ans. Les sigles utilisés dans le quotidien et qui ne sont pas explicités sont incompréhensibles pour tous. Notre questionnaire s’est basé sur un mini corpus qui se constitue de trente sigles. Ces sigles ont le degré de récurrence le plus élevé dans l’échantillon de départ.

   Les sigles qui appartiennent au domaine politique viennent au premier rang du classement quant à leur interprétation. Ils sont vite assimilés par les usagers et par conséquent reconnus car ces sigles font partie du réseau quotidien des algériens où l’influence des médias n’est pas absente.

   Les sigles dits sociaux sont reconnus par les enquêtés grâce à leur haute fréquence dans la société, c’est-à-dire, la fréquence de leurs sources qui est largement diffusée dans le pays et donc assimilées par les usagers.

   Les sigles locaux et les sigles de groupes sont méconnus à cause de leur appartenance à des classes restreintes. Ils font partie d’un jargon professionnel.    

 Nous avons vu en effet que l’incapacité de traduire avec exactitude un sigle et de fournir sa source, n’empêchait nullement de l’utiliser. Le sigle fonctionnait comme une unité lexicale à part entière sans aucune référence à son étymologie.   

 Nous avons souligné que le sigle était créé par et dans la langue écrite. Il est intégré au système linguistique, il n’est plus une abréviation renvoyant sans arrêt à son origine, il est une unité du système. Sa particularité la plus frappante est qu’il a tendance à se comporter sémantiquement comme une unité autonome. Chaque sigle est lié à sa source, mais avec le temps la connaissance de la source du sigle se perd. Les locuteurs utilisent des sigles dans les contextes attendus, mais sont incapable de les traduire.  Le sigle a alors perdu son caractère d’abréviation pour devenir un mot à part entière, un signe linguistique.

 


[i]« Les sigles sont, comme on le sait, ces abréviations diverses qui foisonnent dans le discours de presse et des médias en général » (SAADI, 1986, p. 88).

[ii]2Dans les feuilles de réponses, il y avait omission de beaucoup de fautes d’orthographe, corrigées par nous, à l’exception des mots geunesse qui veut dire   jeunesse.

 

1– Ouvrage

-   Louis-Jean, Calvet, 1980. Les Sigles. Paris : Presses universitaires de France. Coll. Que sais-je ?

2– Articles

-   Djamila,  Saadi, « Sigles et jeux de mots », in Discours en/jeu(x): intertextualité, ou, interaction des discours : 8èmes Journées d'étude du Département de Français (I.L.E Université d'Alger), 5-6-7Avril 1986. Alger, OPU, 1992. p. 183-203.

-   Marc,  Plénat « Observations sur le mot minimal français. L’oralisation des sigles », In B. Laks & M. Plénat (éds.). De Natura Sonorum. Essais de phonologie, Saint-Denis : Presses Universitaires de Vincennes, 1993, p. 143-172.

-   Marc, Plénat « De quelques paramètres intervenant dans l'oralisation des sigles en français ». in Cahiers d'Études Romanes (CERCLTD) n°9, 1992.  p. 27-52.

- Marie-Françoise. ; Mortureux, « Siglaison-acronymie et néologie lexicale » in Linx, n° 30, 1994; p. 11-32.

 

[1]« Les sigles sont, comme on le sait, ces abréviations diverses qui foisonnent dans le discours de presse et des médias en général » (SAADI, 1986, p. 88).

[1]2Dans les feuilles de réponses, il y avait omission de beaucoup de fautes d’orthographe, corrigées par nous, à l’exception des mots geunesse qui veut dire   jeunesse.

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Feiza Aichour, «Prolifération des sigles dans Le Quotidien d’Oran et problèmes d’interprétation»

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Papier : ,
Date Publication Sur Papier : 2016-11-10,
Date Pulication Electronique : 2016-11-10,
mis a jour le : 08/10/2018,
URL : https://revues.univ-setif2.dz:443/revue/index.php?id=1814.